L’ivermectine est actuellement testée par des chercheurs australiens contre le coronavirus. Les premiers essais sont prometteurs mais demandent confirmation.
Depuis plusieurs mois, lorsque l’on évoque la possibilité d’un traitement au coronavirus, c’est souvent la chloroquine qui revient sur la table. Mais alors que les tests sont encore en cours concernant le médicament préconisé par le Dr Raoult, à l’autre bout du monde, des chercheurs australiens explorent une autre piste, celle de l’ivermectine.
La charge virale éliminée en 48h
L’étude, menée dans une université de Melbourne, assure que ce médicament aurait des résultats probants sur des cellules in vitro. « Nous avons découvert qu’une seule dose pouvait essentiellement éliminer tout l’ARN viral en 48 heures et qu’après 24 heures, il y avait une réduction vraiment significative de celui-ci » expliquent les chercheurs. La charge du virus aurait ainsi été éliminée à 99,98%.
Qu’est-ce l’ivermectine ?
Comme la chloroquine, ce médicament est lui aussi bien connu des médecins. Il est même utilisé depuis près de 40 ans. À l’origine, il s’agit d’un anti-parasitaire, employé notamment contre la gale ou contre les poux. Pour le Parisien, François Bricaire, infectiologue, membre de l’Académie nationale de médecine, raconte : « Les chercheurs ont eu l’idée de tester cet anti-infectieux que l’on utilise contre la gale pour voir s’il avait une action sur le coronavirus. Il n’y a pas de raison de ne pas tester l’ivermectine, que l’on connaît bien ».
Pourquoi il ne faut pas s’emballer
Même si l’ivermectine représente un espoir supplémentaire de traitement, il faut néanmoins rester prudent. En effet, les tests portent pour l’instant uniquement sur des cellules in vitro. Or pour Frédéric Altare, immunologiste et directeur de recherche à l’Inserm, « L’étude in vitro est un premier pas, mais il y a un océan entre quelque chose qui marche dans un laboratoire et quelque chose d’efficace chez l’homme ». La Dr Kylie Wagstaff, qui a supervisé l’étude australienne abonde elle aussi dans ce sens : « Nous devons maintenant déterminer si le dosage actuellement utilisé pour l’homme se révèlera efficace, c’est la prochaine étape ».
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Un long processus de tests
« D’après cette étude, l’ivermectine s’est avérée efficace contre une cellule isolée infectée par le virus, mais quand cette cellule est dans un organisme vivant, est-ce que c’est toujours efficace ? » se demande Frédéric Altare. Pour en avoir le cœur net, les savants devront se pencher sur une batterie de tests. Une première série sera effectuée sur des animaux, puis sur des individus sains et enfin, si tout se passe bien, sur des malades.
Les molécules déjà connues présentent un avantage
Difficile d’évaluer combien de temps ces essais cliniques pourront prendre, mais le processus pourrait être facilité par le fait que le médicament soit déjà sur le marché et déjà utilisé. L’urgence de la situation incite d’ailleurs de nombreux chercheurs à tester des molécules déjà approuvées par les autorités (c’est aussi le cas de la chloroquine). Il faut dire que la création d’une nouvelle molécule et son autorisation pourraient prendre des années. Or, alors que la barre des 100.000 morts dans le monde vient d’être franchie, le temps presse plus que jamais…
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