Le gouvernement doit annoncer ce lundi une baisse du nombre de tués sur les routes en 2018, mais l’avenir de la limitation de vitesse à 80 km/h, entrée en vigueur en juillet, reste menacé, en pleine crise des « gilets jaunes ».
Le Premier ministre Edouard Philippe revient lundi matin à Coubert (Seine-et-Marne), là où, le 11 décembre 2017, il s’était dit favorable « à titre personnel » à l’abaissement de 90 km/h à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur certaines routes nationales et départementales.
« Ça va être compliqué de nous dire que les 80 km/h ne marchent pas »
Un mois plus tard, il annonçait que cette mesure entrerait en vigueur au 1er juillet 2018 sur 400 000 kilomètres de routes secondaires à double sens sans séparateur central, déclenchant une fronde d’automobilistes et de motards et l’indignation d’élus (de zone rurales notamment) et de certains ministres (Collomb, Mézard…).
La contestation contre ce « passage en force » du gouvernement a redoublé en fin d’année avec le mouvement des « gilets jaunes », qui a vu la dégradation ou la destruction de 60% des radars routiers, selon le ministère de l’Intérieur.
Un renversement de tendance ?
Six mois après l’entrée en vigueur de la mesure, le Premier ministre annoncera lundi matin de bons résultats pour la mortalité routière l’an dernier. « Ça va être compliqué de nous dire que les 80 km/h ne marchent pas », glisse-t-on à Matignon.
Sans atteindre le plus-bas historique de 2013 (3 427 morts), 2018 devrait marquer un net renversement de tendance, après trois années consécutives de hausse entre 2014 et 2016 -du jamais-vu depuis 1972– puis une quasi-stagnation en 2017 (3 684 morts). Sur les onze premiers mois de 2018, la Sécurité routière avait recensé 3.176 tués (métropole et Outre-mer confondus), soit 193 de moins qu’entre janvier et novembre 2017.
Un effet de la limitation à 80 km/h ?
Le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nunez a également dévoilé mercredi une première tendance sur le réseau abaissé à 80 km/h. « Selon de premiers chiffres provisoires, sur ce réseau secondaire, entre le 1er juillet 2018 et le 31 décembre 2018, le nombre de morts a baissé de 13% par rapport à 2017 », a-t-il affirmé au Sénat.
Ces estimations sont contestées par les anti-80 km/h, engagés depuis des mois dans une guerre de chiffres.
« La mortalité routière était déjà largement orientée à la baisse une année avant l’entrée en vigueur des 80 km/h. (…) La mise en oeuvre de cette nouvelle limitation n’a eu aucun impact sur la réduction du nombre de morts sur nos routes » 40 millions d’automobilistes
Qu’elle ait des effets bénéfiques ou non, l’exécutif pourrait reculer sur cette mesure qui a constitué, selon de nombreux observateurs, un élément précurseur de la crise des « gilets jaunes » qui secoue la France et fragilise le pouvoir depuis plus de deux mois.
Emmanuel Macron, qui n’a jamais apporté de franc soutien à la mesure et a laissé son Premier ministre la défendre, a amorcé un premier pas en arrière le 15 janvier, en ouvrant la porte à des aménagements au niveau local.