Le gouvernement serait sur le point d’arriver à un accord avec la Commission européenne sur sa grande réforme d’EDF, et aimerait dans la foulée la faire voter au Parlement. Mais il risque de se retrouver dans une position très inconfortable car son projet de scission du groupe est difficilement défendable. Détails des sujets qui vont faire débat dans les semaines à venir.
L’Élysée aurait certainement préféré que sa réforme d’EDF, initialement nommée « Hercule » et imaginée il y a plus de deux ans, passe comme une lettre à la poste. Son objet : scinder le groupe EDF, qui croule sous plus de 40 milliards d’euros de dette, en plusieurs entités. D’une part les centrales nucléaires et thermiques ainsi que les réseaux de transport (RTE) dans une structure détenue à 100% par l’État, et qui contrôlerait aussi les barrages hydroélectriques via une quasi-régie. Et d’autre part les autres énergies renouvelables (solaire, éolienne…) et les réseaux de distribution (Enedis) dans une filiale partiellement privatisée. Après d’âpres négociations, le gouvernement se serait récemment entendu, d’après le Figaro, sur les grands principes de cette réforme avec la Commission européenne, et aimerait présenter un projet de loi en Conseil des ministres avant l’été.
Hélas pour Emmanuel Macron, l’incompréhension générale face au démantèlement de ce fleuron industriel français du XXe siècle pourrait faire tanguer ses velléités réformatrices. « Cette réforme est probablement la plus mauvaise réponse qui pouvait être donnée aux problèmes d’EDF », fustige un ancien cadre dirigeant. « Ceux qui l’ont conçu n’ont rien compris à ce qui fait la dynamique de l’entreprise EDF », ajoute-t-il. Au Parlement, il n’est pas à exclure qu’un référendum d’initiative partagée soit envisagé, comme pour la privatisation d’ADP. Focus sur les cinq sujets qui fâchent.
LES ÉNERGIES RENOUVELABLES ET ENEDIS PRIVATISÉES
Pour satisfaire la Commission, l’Élysée a donc imaginé une réforme de la structure capitalistique du groupe EDF. Le bât blesse principalement sur le sort réservé aux énergies renouvelables (ENR) et à la distribution d’électricité (Enedis), logées dans une filiale « verte » dont environ 30 % du capital serait mis en bourse. Lorsqu’ils ont appris la nouvelle, le sang des syndicalistes d’EDF n’a fait qu’un tour : Enedis considérée comme la pépite du groupe et les ENR, un secteur économique d’avenir, seraient donc isolées et livrées aux marchés financiers. Comprendre : le coûteux vieux nucléaire au secteur public, et les activités les plus juteuses aux investisseurs privés !