Retour sur le traitement médiatique ahurissant de l’attentat contre Dieudonné

Dimanche 30 juin, Dieudonné devait se produire sur scène à Auxerre et jouer l’une des dernières représentations de son spectacle “En vérité”, lorsqu’un homme a foncé avec sa voiture sur la scène où avaient lieu les répétitions. Quatre personnes ont été blessés. Dans notre brève publiée immédiatement après les faits, nous nous interrogions sur le traitement qu’allait réserver la presse à cette information… et nous n’avons pas été déçus ! Tour d’horizon d’un deux poids deux mesures qui ne se cache même plus.

 

Imaginez un seul instant qu’un homme fonce avec sa voiture sur la scène d’Elie Semoun ou de Gad Elmaleh, ou même simplement que quelqu’un ose alpaguer publiquement une personnalité telle que Finkielkraut… Quelle serait la réaction des médias ? Cela ferait un tollé, n’en doutons pas. Pour Dieudonné, il n’en est rien. À les entendre, il s’agirait presque d’une bagarre. On pourrait croire à un sketch.

Commençons par le meilleur et le moins subtil : BFMTV.

Rappelons que, contrairement au Média pour Tous qui ne dépend financièrement que de ses lecteurs, BFMTV appartient au milliardaire Patrick Drahi (11ème fortune de France), également propriétaire de Libération, l’Express, RMC, i24 news, etc. Il n’est donc pas étonnant de retrouver chez BFMTV un parti-pris anti-Dieudonné, le même rencontré d’ailleurs par les Gilets Jaunes dans le traitement de leurs manifestations. Rappelons-le : les médias dans leur ensemble ont voulu et permis que Macron parvienne au pouvoir. Ce sont en quelque sorte les chargés de com’ du gouvernement. Dans ce rôle, BFMTV est le premier de la classe, jusqu’à en devenir ridicule. Un homme qui fonce en voiture (un 4×4 !) sur la scène où devait se produire Dieudonné devient un voisin mécontent qui a eu une « altercation » avec l’équipe de Dieudonné. Citons le texte :

À 18 heures ce dimanche, un riverain qui se plaignait du bruit du spectacle de Dieudonné, qui se déroulait dans la commune de Neuvy-Sautour d’après L’Yonne Républicaine, a pris sa voiture pour foncer sur le système son de la scène. 

Ah, le fameux système son ! C’était donc lui qui était visé car chacun sait que pour faire taire un haut-parleur importun, rien de tel que de lui foncer dessus en voiture ! Merci aux enquêteurs-procureurs de BFMTV qui ne pourront pas ignorer les photos diffusées sur les réseaux sociaux par l’équipe de Dieudonné, où l’on aperçoit bien la voiture le nez dans la scène, elle-même pliée en deux, et d’où trois techniciens ont été éjectés par le choc. Dégâts collatéraux d’un attentat sur système son.

La scène, touchée par le véhicule et d’où trois personnes ont été projetées.

Rassurons-nous avec ce qu’a dit RTL de cette attaque à la voiture-bélier : eux donnent la parole à la préfecture, dont nous devinons la totale neutralité à l’égard de Dieudonné.

« Il n’y a pas eu d’attaque terroriste et même pas d’atteinte à la personne puisqu’il (Dieudonné) n’était même pas là ! », a indiqué la préfecture. Une précision apportée alors que sur le compte Facebook du polémiste, on criait à la tentative d’assassinat.

Avant même que la police ne commence son enquête, la préfecture a déjà réponse à tout. On a connu les autorités moins prolixes. Et comme Dieudonné était à quelques mètres de distance du point d’impact, ce n’est pas une attaque terroriste, ni même une atteinte à la personne, tant pis pour les quatre blessés. Ces négationnistes du dimanche ne sont pas loin d’affirmer qu’il ne s’est rien passé : tout juste une sortie de route d’un véhicule qui passait par hasard. On appréciera la logique préfectorale, nullement questionnée par le journaliste de RTL, bien au contraire : il abonde dans le sens des autorités en se moquant des « cris » à la tentative d’assassinat du « polémiste ». Des chargés de com’, vous disions-nous.

Quant à la Nouvelle République, même affirmation mais cette fois-ci en provenance du procureur d’Auxerre, dont on se demande où est passé son devoir de réserve.

Les faits commis n’auraient « aucun lien avec la présence de Dieudonné », a assuré le procureur d’Auxerre.

Rappelons que toute la magistrature a été ébranlée il y a quelques années par l’affaire du « mur des cons » qui était affiché dans les bureaux du syndicat de la magistrature, et où Dieudonné était épinglé, parmi d’autres personnalités. « Avant d’ajouter un con, vérifiez qu’il n’y est pas déjà ! » y était-il écrit. Taquins les magistrats, mais impartiaux, c’est une autre histoire. Car si le mur des cons a (probablement ?) disparu, son esprit demeure. En effet, cette affirmation péremptoire du procureur d’Auxerre au tout début de l’enquête défie le bon sens et constitue clairement une charge contre l’artiste. Pas besoin d’être Sherlock Holmes pour constater qu’il est pratiquement impossible que le conducteur de la voiture ignorât quelle était sa cible, malgré ses probables dénégations, car à l’entrée des spectacles de Dieudonné, il y a toujours une boutique avec des affiches à l’effigie de l’artiste, ainsi que des T-Shirts en vente libre et bien visibles. Par ailleurs, l’homme aurait communiqué avant son attaque avec les personnes présentes, il est inconcevable que le nom de Dieudonné ne lui ait pas été communiqué, d’une façon ou d’une autre. Par ailleurs, selon nos informations, l’homme aurait déclaré après l’attaque avoir été « énervé » par le T-Shirt à l’effigie de Dieudonné porté par l’un des techniciens. Et Dieudonné lui-même a déclaré avoir entendu distinctement l’individu crier le qualificatif « Antisémite ! » lorsqu’il l’a aperçu. Bien sûr, rien n’est certain, mais un récit équilibré des faits doit rendre compte de toutes les versions. En somme, il est permis et même nécessaire de douter (un mot de plus en plus suspect de nos jours) de l’ensemble des récits. Et c’est ce qu’aurait dû faire le journaliste-subventionné de la Nouvelle République vis-à-vis des déclarations du procureur d’Auxerre. Bien loin de cette démarche d’honnêteté intellectuelle, il se transforme en greffier de tribunal et rajoute :

Dieudonné M’Bala M’Bala a été condamné à de multiples reprises pour ses propos antisémites ou négationnistes.

Il est toujours bon pour un journaliste (et même obligatoire) de terminer un article par cette incise concernant Dieudonné, même si ça n’a rien à voir avec le sujet. Rien à voir ? Pas si sûr. Peut-être qu’inconsciemment, le journaliste nous aiguille ici sur la bonne grille d’interprétation de cet attentat ? Peut-être qu’à force de marteler que Dieudonné est un antisémite, les médias ont-ils réussit à faire passer à l’acte une personne instable ? Si on admet qu’il existe des musulmans radicalisés via Internet – et les médias sont là pour nous le rappeler continuellement -, pourquoi ne pas étudier la piste d’un judaïsme non moins radical et violent, biberonné à la haine du discours antisioniste que l’on entend partout à la télé et à la radio ? Voilà, une piste d’enquête que nous suggérons à nos confrères des médias de masse. Peu de chances que nous soyons entendus.

Et le Figaro, dans le panel des médias qui ont parlé de cet événement, n’est pas en reste en matière d’insinuations. Dès le chapeau, le contexte est posé :

Samedi, la préfète Sophie Broca a annoncé qu’elle saisissait la justice pour injure et incitation à la haine. Dimanche, un voisin excédé par le bruit a détruit avec sa voiture la scène sur laquelle il devait se produire en Bourgogne.

« Décidément, ce Dieudonné est un vrai trublion. Quand va t-on enfin le faire enfermer ?« . Voilà l’effet que cette phrase bien calibrée est censé produire dans nos cerveaux disponibles. D’ailleurs la fin de l’article nous offre la porte de sortie que nous, citoyens vigilants et peut-être même électeurs d’En Marche !, attendions :

En avril, le parquet a requis 18 mois de prison ferme à l’encontre de Dieudonné, déjà condamné à de multiples reprises pour ses sorties antisémites, et qui était jugé pour fraude fiscale, blanchiment et abus de biens sociaux.

OUF !

« Et France TV infos dans tout ça ? » me direz-vous. « C’est le service public, payé avec nos impôts, l’information est donc mieux traitée ! » Que nenni, bien au contraire. Ce qu’il y a de bien avec eux c’est qu’ils ne font même plus l’effort de feindre l’objectivité ou le travail journalistique. Sur 19 lignes consacrées à l’affaire, 12 sont un compte-rendu décomplexé de la version de la préfecture, donc du pouvoir. C’est la Pravda, mais républicaine, c’est à dire habillée de bonne conscience. Accrochez-vous :

« Dieudonné n’était pas présent, c’était bien avant qu’il ne monte sur scène, donc il n’y a pas eu de tentative de meurtre contre Dieudonné », a expliqué à franceinfo Françoise Fugier, secrétaire générale de la préfecture de l’Yonne. « Comme tous les spectacles de Dieudonné, il n’était pas autorisé. Nous en connaissions la date, mais nous ne savions pas le lieu où il se produirait. Nous l’avons appris à la suite de cet incident« 

« C’est un spectacle sauvage, comme Dieudonné a l’habitude de le faire. On ne peut que regretter qu’il y ait eu cet incident » a précisé Françoise Fugier. « Les spectacles qui se déroulent dans le département sont sécurisés, préparés en amont avec police et gendarmerie, ainsi que les pompiers. Des mesures sont prises lorsqu’il y a des rassemblements d’une certaine ampleur. »

Cet « incident » est donc en quelque sorte de la faute de Dieudonné, qui organise des spectacles sauvages. Mais quelle idée de faire ça !

Qui dit mieux ?

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