Profusion de masques en grande surface et pénurie à l’hôpital, les soignants révoltés

Toujours en proie à une pénurie de masques, les soignants s’indignent de la mise sur le marché de millions de masques dans la grande distribution.

Ce lundi quatre mai, des millions de masques entreront sur le marché français. Ces ventes, organisées par la grande distribution n’ont pas manqué de provoquer la colère des soignants qui subissent une pénurie. Dans un communiqué, les sept ordres nationaux des professions de santé, ont ainsi manifesté leur « consternation » et leur « dégoût ».

« Toute guerre a ses profiteurs »

Reprenant à leur compte la métaphore guerrière d’Emmanuel Macron, les professionnels de la santé ont ainsi désigné les grandes surfaces comme des « profiteurs » de guerre. Ils ajoutent : « Comment s’expliquer que nos soignants n’aient pas pu être dotés de masques quand on annonce à grand renfort de communication tapageuse des chiffres sidérants de masques vendus au public par certains circuits de distribution. »

Plus de 500 millions de masques bientôt en vente

Depuis quelques jours, de nombreuses enseignes ont en effet annoncé la mise en rayons de millions de masques, disponibles à la vente dès lundi. Certains médias évoquent même la mise sur le marché de 500 millions de masques au total. Le cumul des chiffres annoncés par quelques distributeurs dépasse même déjà cette estimation. Ainsi uniquement pour Carrefour (225 millions), Leclerc (170 millions), Lidl (100 millions), Intermarché (90 millions), et système U (15 millions) l’addition non exhaustive s’élève déjà à 610 millions.

« Une surenchère de l’indécence »

« Comment nos patients, notamment les plus fragiles, à qui l’on expliquait jusqu’à hier qu’ils ne pourraient bénéficier d’une protection adaptée, vont-ils comprendre que ce qui n’existait pas hier tombe à profusion aujourd’hui. 100 millions par ici, 50 millions par là. Qui dit mieux ? C’est la surenchère de l’indécence. » s’indigne le communiqué des professionnels de la santé.

La grande distribution nie avoir constitué des stocks

Très vite, les accusations n’ont pas tardé à pleuvoir sur la grande distribution. Aurait-elle préparé des stocks de masques en attendant de pouvoir les vendre ? Selon Michel-Edouard Leclerc, la réponse est non. « Il n’y a pas de stock caché dans les hangars, il faut arrêter le délire » a-t-il assuré.

Les pharmaciens « écoeurés »

Des justifications que peinent à croire les pharmaciens. Bruno Galan, président de l’Ordre régional des pharmaciens en Occitanie s’insurge : « On nous a demandé pendant des semaines d’être le plus économe possible, de prioriser la vente de masques, et là les grandes surfaces arrivent d’un coup ». Il poursuit : « On nous a pris pour des imbéciles. Comment des commandes de plusieurs millions de masques ont-elle pu être prises pour des grandes surfaces, alors que les pharmacies ne pouvaient pas en acheter depuis des semaines ? »

« Avant la crise, les prix étaient dix fois moins importants »

Le scandale pourrait prendre une ampleur supplémentaire de par les prix pratiqués par les supermarchés. Le gouvernement s’est pour le moment contenté de limiter les tarifs à 95 centimes d’euros par masque. Or selon 60 millions de consommateurs, il s’agit d’un prix « exorbitant ». Lionel Maugain, journaliste pour le mensuel, explique ainsi qu’avant la crise les prix étaient « dix fois moins » importants. Il dénonce par ailleurs l’absence d’encadrement sur les masques en tissus, dont certains se vendent jusqu’à quinze euros alors que « le prix de revient est entre deux et trois euros ».

Des frais obligatoires pour de nombreux Français

Lionel Maugain poursuit : « Si vous êtes un travailleur, vous serez obligé de prendre au moins un masque pour aller travailler, si ce n’est deux, pour revenir, puisque les masques sont obligatoires dans les transports en commun. Si vous allez faire du shopping, la plupart des commerces vont probablement obliger les consommateurs à porter des masques. Après, au collège, le masque sera également obligatoire. Si vous êtes une famille assez nombreuse, ça peut monter sur les 100 à 200 euros de frais de masque par mois. »

Des voix s’élèvent pour la gratuité des masques

Pour RT France, Jean-François Corty, médecin généraliste, a réagit à cette actualité : « Dans un pays comme le nôtre, il faut qu’il n’y ait aucune barrière financière à l’accès à ces masques ». Il ajoute : « Il faut faire en sorte que les masques soient gratuits ». Une réaction qui fait écho à celle de Jean-Luc Mélenchon qui s’est dit « écoeuré » par « le commerce de masques ». Le groupe FI a d’ailleurs déposé cette semaine une proposition de loi pour leur gratuité. Soutenue par le PS, la suggestion ne semble en revanche pas retenir l’attention de la République en Marche.

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