Marine Le Pen soutient la libérale Rachida Dati puis nie l’existence d’un « problème de violences policières »


Les masques tombent ?


Marine Le Pen a assuré cette semaine qu’elle « voterait largement Dati plutôt qu’Hidalgo » et qu’il « n’y a pas véritablement de problème de violences policières » en France.

Cette semaine, la présidente du Rassemblement National a pris des positions pour le moins clivantes. Dans un entretien à France Inter, elle a en effet apporté son soutien à la candidate Républicaine à la mairie de Paris, Rachida Dati pour faire barrage à Anne Hidalgo. La même semaine, elle a également rejoint les positions des Républicains en niant l’existence d’un problème de violences policières. Faut-il y voir un rapprochement entre les deux partis ?

Le Pen est-elle devenue un castor comme les autres ?

Depuis 2002, la stratégie du barrage est devenue un grand classique en politique. Essentiellement utilisée contre le RN, elle consiste à voter pour le candidat opposé au « péril fasciste » quel qu’il soit. Surnommés « les castors », les adeptes de cette méthode ont souvent été décriés pour la trahison de leurs convictions au profit d’un « vote contre ». Or depuis son arrivée à la tête du FN en 2011, Marine Le Pen s’est toujours opposée à cette stratégie. Appuyée dans son soutien à Rachida Dati par le député européen Nicolas Bay, elle marque donc une véritable rupture dans l’orientation de son parti.

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Ou est passé l’UMPS ?

Il faut en effet se souvenir que Marine Le Pen n’a cessé d’expliquer pendant des années (à raison) qu’il n’existait aucune véritable différence politique entre Les Républicains et le PS. Il est vrai que bien malin qui pourrait expliquer la différence entre Nicolas Sarkozy, François Hollande, et leur synthèse Emmanuel Macron. Et pourtant aujourd’hui le RN vient nous expliquer que l’ex ministre de la justice de Nicolas Sarkozy serait une meilleure idée qu’Anne Hidalgo qu’elle juge comme la « pire maire qui puisse exister ».

Le RN veut-il vampiriser LR ou bien s’en rapprocher ?

Nul ne peut dire si le RN cherche à flatter l’électorat LR pour mieux vampiriser un parti plus affaibli que jamais, ou bien s’il tente de redorer son image en tendant à l’« union des droites » longtemps réclamée par certains membres du parti. On pense notamment à Marion Maréchal qui organisait une « convention de la droite » visant à un rapprochement les deux organisations. L’union est également régulièrement réclamée par le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan.

« L’ouverture de notre mouvement est une nouveauté » explique Marine Le Pen

Le parti semble avoir opéré une véritable modification de stratégie depuis sa défaite cuisante en 2017. Son changement de nom de Front National à Rassemblement national en est d’ailleurs un parfait indicateur. Dernièrement à Sète, Marine Le Pen a même assumé le nouveau virage de son parti en assurant son soutien à un ex-membre de LR. « Il est un des représentants de la capacité de rassemblement et d’ouverture du Rassemblement national. C’est une nouveauté pour notre mouvement. C’est une forme de révolution culturelle » a-t-elle expliqué.

Après le départ de Phillipot le vernis social est-il tombé ?

Depuis la défaite à la présidentielle de 2017, il semble que la frange libérale du RN a repris le dessus. Difficile d’affirmer le contraire en voyant Le Pen soutenir Dati. D’autant que la dimension sociale qu’essayait d’incarner le RN tenait surtout à la présence de Florian Philippot. Celui-ci parti, cette illusion semble s’estomper petit à petit. Nombreux avaient pourtant déjà noté son refus d’augmenter le SMIC ou ses positions ambiguës sur l’âge de la retraite. L’idée de quitter l’Union Européenne parait également avoir été totalement écartée.

Mariani, un néolibéral au RN

L’arrivée du néolibéral Thierry Mariani au RN est aussi très symptomatique. L’ancien membre de LR a en effet été élu député européen sous la bannière du mouvement. Cet ancien ministre de Sarkozy déclarait pourtant en 2015 : « Ça fait trente ans que je m’entends dire que je me rapproche du FN. C’est ridicule, je ne suis absolument pas en accord avec ce parti qui se veut à droite sur les sujets régaliens mais a des positions de gauche archaïque sur le social. ». Son changement d’avis en dit donc long sur l’évolution du RN…

Marine Le Pen Gaulliste ?

Dans un souci de recentrer sa position, la présidente se revendique même régulièrement du Gaullisme. Récemment, elle a même estimé que le son parti représentait « l’héritage » du général. Pour elle, « sur l’échiquier politique, aujourd’hui, seul le RN défend cette ligne ». On peut tout de même voir ces déclarations comme assez culottées lorsque l’on connaît les fondations historiques de son parti plutôt favorables au régime de Vichy. Son père Jean-Marie Le Pen a d’ailleurs été un grand opposant du général De Gaulle, notamment pendant la guerre d’Algérie.

Soutien indéfectible à la Police

Marine Le Pen a également convergé vers les Républicains en affirmant son soutient indéfectible à la police. La semaine passée Christian Jacob, président de LR, déclenchait un tollé chez les Gilets Jaunes en déclarant que les « violences policières en France, ça n’existe pas ». La présidente du RN semble également rejoindre cette direction en assurant qu’il « n’y a pas véritablement de problème de violences policières ». Elle confirme ainsi sa position ambiguë sur les gilets jaunes qu’elle soutient un jour et qu’elle abandonne le suivant lorsqu’il s’agit de défendre la police ou les commerçants. Il faut dire que les forces de l’ordre représentent une partie non négligeable de son électorat…

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Le Perlier Président ADIMAD
3 années il y a

Il faudrait tout de même cesser de se faire manipuler et dénoncer les méthodes du gouvernement, d’autant qu’il s’agit de vieilles ficelles, toujours les mêmes, au point qu’on s’étonne qu’elles fonctionnent encore. Comme le 26 mars 1962 à Alger, qui a vu les barbouzes gaullistes tirer sur les gendarmes, pour les fanatiser contre ceux qui manifestaient contre le trahison gaulliste, le gouvernement Macron a utilisé les prétendus black blocs pour motiver les forces de l’ordre contre les gilets jaunes. Sociologiquement, les policiers étaient trop proches des gilets jaunes, ce qui préoccupait le gouvernement au point qu’il fallait à tout prix… Lire la suite »

3 années il y a

Ce que dit Marine me semble plus fin qu’il n’y parait:
Elle accuse les journalistes, les politiques (et accessoirement les « enseignants » et « carreleurs ») de comporter dans leur rang des défaillances.
 
Ce faisant elle refuse de définir la police comme intrinsèquement violente.
 
N’oublions pas que les forces de « l’ordre » ne sont qu’un instrument du pouvoir en place.

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