Symptôme d’une extinction de masse, un quart des insectes ont disparu depuis 1990


Une situation critique...


Selon une étude publiée dans la revue Science, les populations d’insectes dans le monde sont en net déclin. Un symptôme d’un phénomène beaucoup plus grave.

D’après leurs propres auteurs, cette étude, parue dans la revue américaine Science, serait « l’évaluation la plus vaste et la plus complète à ce jour ». Pour aboutir à ce résultat, les scientifiques ont analysé des données de plus de 166 enquêtes de longue haleine réalisées à travers 1676 sites dans le monde.

Moins catastrophique que prévu

Si le bilan global de l’étude s’avère préoccupant avec une population mondiale d’insectes en diminution de 25%, il permet aussi de nuancer la catastrophe. Elle évoque ainsi des « gains parcellaires et des pertes généralisées ». En d’autres termes, certaines régions et certains insectes sont plus épargnés que d’autres. Ainsi, les chercheurs ont noté « une augmentation de l’abondance des insectes d’eau douce à un taux de près de 11 % par décennie, peut-être en partie due à des efforts fructueux en matière d’eau propre ». À l’inverse, les insectes terrestres, qui représentent l’immense majorité de leur genre, connaissent eux un déclin de 9% par décennie.

Bonnet d’âne pour l’Europe

L’étude démontre aussi que les populations d’insectes sont touchées de différentes manières selon les zones mondiales. L’allemand Roel Van Klink, l’un des principaux auteurs de l’étude, rappelle  ainsi que le chiffre de 25% « est une moyenne. Cela veut dire il y a des endroits où c’est bien pire que ça ». Il dénonce ainsi l’Europe, ou la situation « s’empire » de manière « frappante et choquante ». L’une des réserves naturelles allemandes étudiées par les scientifiques a par exemple perdu 75% de ses insectes.

20% de produits phytosanitaires en plus en France depuis dix ans

Pour les chercheurs, il ne fait aucun doute que les êtres humains sont responsables de cette hécatombe. Si l’on peut citer le réchauffement climatique, l’étalement urbain ou la pollution lumineuse, la première cause du désastre reste néanmoins l’agriculture intensive. En cause, bien sûr, les produits phytosanitaires, dont la France est très friande. En dix ans, sa consommation a même augmenté de 20%. Mais l’élevage est aussi en cause ; en Amérique du Sud notamment, il est le principal responsable de la déforestation. D’autant plus que les forêts sont rasées par le feu, ce qui ne laisse aucune chance à la vie locale.

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Les insectes essentiels à l’écosystème

Si certains pourraient prendre la nouvelle avec dérision, les insectes ont pourtant un rôle prépondérant dans les écosystèmes mondiaux et donc dans la survie de l’espèce humaine. Ils jouent par exemple un rôle crucial dans la pollinisation. Sans eux, les sols seraient couverts de matières organiques et entreraient dans une telle dégradation que toute vie sur terre deviendrait impossible. Enfin ils sont également membres de la chaîne alimentaire et permettre la survie d’autres espèces comme les oiseaux.

Vers la sixième extinction de masse ?

Le plus inquiétant, c’est que d’après une étude de 2019, les insectes pourraient même disparaître de la surface terrestre d’ici un siècle. La plupart des scientifiques voient dans ce phénomène le début d’une sixième extinction de masse. Car ce ne sont pas seulement les insectes qui succombent à un train effrayant, mais la plupart des espèces du monde. Ainsi, entre 1970 et 2012, 58% des animaux vertébrés ont été anéantis.

L’être humain conserve encore les clefs de sa survie

Durant les dernières 500 millions d’années, la Terre a déjà connu cinq épisodes similaires où la vie a presque entièrement disparu. C’est notamment ce qui est arrivé aux dinosaures. D’après les scientifiques ce processus est donc de nouveau enclenché, et si l’on ne fait rien, 75% des animaux pourraient disparaître dans les siècles à venir. La spécificité de cette crise, par rapport aux cinq précédentes, réside dans le fait que pour la première fois, l’une des espèces vivantes sur la planète serait à l’origine de sa propre destruction. La crise du coronavirus n’est d’ailleurs qu’un symptôme parmi d’autres du dérèglement subie par la Terre. Reste que l’être humain conserve encore toutes les clefs de sa survie, mais peut-être plus pour très longtemps…

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