Après réquisition du parquet, la plateforme a fourni à la police judiciaire le fichier regroupant le nom des 8000 donateurs de la cagnotte, qui avait cumulé 145.152 euros début janvier en soutien à l’ex-boxeur «gilet jaune».
Les soubresauts se poursuivent pour la cagnotte Leetchi, ouverte début janvier en soutien au «boxeur de gendarmes» Christophe Dettinger. L’initiative, lancée par un proche de l’ancien champion de France des lourds légers au lendemain de l’acte 8 des «gilets jaunes», avait recueilli très exactement 145.152 euros en l’espace de 48 heures. Au total, plus de 8000 donateurs s’étaient manifestés avant la fermeture de la collecte, alors plongée au cœur d’une vaste polémique. Depuis six mois, un litige oppose la plateforme de financement à la famille et les proches du «gitan de Massy», condamné à un an de prison avant d’être placé sous bracelet électronique. La femme de l’ex-sportif réclame le déblocage des fonds, une décision qui sera rendue le 19 juin par le juge des référés.
Dans une procédure distincte, quarante donateurs ont saisi la justice le 9 mai, portant plainte contre X auprès du parquet de Paris pour «abus de confiance». Quinze autres se sont également constitués parties civiles fin mai, dans la même affaire. Et pour l’heure, cette enquête, confiée à la brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA) semble avancer à grands pas. Selon des informations du Point, confirmées au Figaro, Leetchi a dû, sur réquisition du parquet, fournir aux policiers son fichier regroupant le nom des contributeurs. Certains plaignants et quelques témoins – des donateurs qui ne font pas partie de la plainte – ont été convoqués par les enquêteurs afin d’être auditionnés, confie une source judiciaire. Une convocation non-obligatoire permettant aux policiers de consolider leur saisine, d’après une source bien informée.
«Solidarité du peuple des “gilets jaunes”»
Dans leur plainte, les donateurs disent avoir voulu, en soutenant Christophe Dettinger, «montrer la solidarité du peuple des “gilets jaunes”». Ils se disent «extrêmement choqués» par l’attitude de la plateforme, laquelle avait plusieurs fois souligné pendant la polémique que la cagnotte était légale. «En retenant abusivement» ces fonds, la société «se comporte comme un véritable censeur moral», évoque le texte. Les plaignants réclament chacun un euro symbolique, même si l’abus de confiance est un délit puni de trois ans d’emprisonnement et de 375.000 euros d’amende. «Leetchi n’est pas propriétaire de cet argent», déplorait leur avocate Laurence Léger, la semaine dernière, au tribunal.
«En retenant les fonds collectés, en procédant unilatéralement au remboursement de certains participants et en modifiant unilatéralement la destination des fonds alors que l’organisateur est seul responsable de l’administration de la cagnotte et qu’il peut notamment choisir à tout moment de la transférer à son bénéficiaire par voie de novation, la société Leetchi a manifestement détourné les fonds remis par les participants», peut-on par ailleurs lire dans la plainte.
L’épouse Dettinger réclame 3 millions d’euros à Leetchi
Dans une troisième procédure au fond, qui sera examinée le 9 décembre prochain par le juge du fond, l’épouse de Christophe Dettinger réclame environ trois millions d’euros de dommages et intérêts à Leetchi. Selon elle, la cagnotte serait restée ouverte un mois et demi si la plateforme ne l’avait pas fermée au bout de deux jours. La plaignante a donc multiplié ce que la collecte avait rapporté par le nombre de jours manquants.
Quelle honte Leetchi, quelle honte.
Délation.