« Des années de vie balayées » : les défaillances d’entreprise atteignent un niveau inquiétant


Par le parisien

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Comme pour la société de Jean-Philippe dans l’Eure, les défaillances ont augmenté de 36 % en 2023 par rapport à l’année précédente, selon une étude du cabinet Altares. Le rythme s’est surtout accéléré au dernier trimestre avec la fin des aides de l’État.

L’éclairage de la Pyramide inversée du Louvre, c’est lui. Celui de la façade extérieure du Palais des congrès, à Paris, c’est encore lui, tout comme le Yacht-club de Monaco ou le château de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Pendant quinze ans, Jean-Philippe Corrigou a mis en lumière des bâtiments de toute la France. Des châteaux, des centres commerciaux, des tours de bureaux et même des casinos. Et puis en 2023, sa société, Carribou-Concept a dû mettre la clé sous la porte, éteindre la lumière oseraient malicieusement certains.

Composée seulement de Jean-Philippe, cette entreprise basée dans l’Eure, à mi-chemin environ entre Évreux et Dreux, est venue alimenter la très longue liste des sociétés en difficulté l’année dernière. Selon un décompte réalisé par Altares, expert en analyse des données économiques, en 2023, le nombre de défaillances d’entreprise a atteint 57 729. Soit une hausse de 36 % par rapport à 2022. Plus inquiétant, lors du seul dernier trimestre, ce sont 16 800 structures qui ont failli. Un volume jamais rencontré pour un quatrième trimestre depuis la récession de 1992-1993.

« Il faut rembourser l’Urssaf, solder les PGE »

Après trois années où les entreprises ont été biberonnées aux aides publiques pour surmonter la crise liée à la pandémie puis celle causée par les hausses des prix de l’énergie, ce qui a limité ainsi le nombre de défaillances, « il faut désormais passer à la caisse, résume Thierry Millon directeur des études d’Altares. Rembourser sa dette sociale à l’Urssaf, qui avait accordé des moratoires. Mais aussi solder les PGE (les prêts garantis par l’État). »

Pour Jean-Philippe, ancien éclairagiste notamment pour des opéras baroques, la chute s’amorce avec la pandémie. Alors qu’habituellement il mène dix projets de front, l’activité s’arrête. Un PGE de 30 000 euros est contracté. Si après la pandémie les projets repartent, la crise énergétique lui portera le coup fatal. « Les clients ne voyaient pas comment communiquer sur un nouvel éclairage alors qu’il fallait faire des économies d’énergie, se souvient l’homme de 57 ans. Les projets tombent à l’eau. »

Dépôt de bilan, placement en liquidation judiciaire, mandataire qui fait le tour des biens détenus par l’entreprise… « C’est l’Enfer de Dante, se souvient le chef d’entreprise. En quatre secondes, vous êtes dépossédé de votre société, ce sont quinze années de vie balayées. Dans le bureau du mandataire judiciaire qui décortique le bilan de mon entreprise, j’ai l’impression de vivre une heure de garde à vue. Tout y passe, mon train de vie, ma vie personnelle. Là, je m’effondre. Des idées noires me traversent l’esprit ».

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