Coronavirus : les respirateurs fabriqués en France en urgence seraient inadaptés voire inutilisables


Un nouvel épisode rocambolesque après celui des masques !


Plusieurs groupes français du CAC 40, Air Liquide, PSA, Valeo et Schneider Electric se sont associés début avril pour produire 10.000 respirateurs artificiels et répondre aux besoins des hôpitaux. Toutefois, selon une enquête de Radio France, la majorité de ces appareils pourraient être inutilisables pour ventiler des patients atteints du Coronavirus. 

Pour lutter contre la crise du Coronavirus et tenter de soulager et de soigner un maximum de patients atteints, la France fabrique en urgence des respirateurs artificiels via l’aide de plusieurs grands groupes. D’après Radio France, qui s’appuie sur plusieurs témoignages de médecins, ces nouveaux respirateurs seraient inadaptés à la réalité des services hospitaliers de réanimation et pourraient mêmes être totalement inutilisables.

Fabriquer des respirateurs en France pour ne pas reproduire le fiasco des masques

Face à la crise sanitaire et à l’afflux de malades dans les hôpitaux, le ministère de la Santé annonçait mi-mars une augmentation de près de 10.000 lits supplémentaires en réanimation. Dès lors, il fallait fournir le matériel associé, et donc également augmenter le nombre de respirateurs artificiels disponibles. En parallèle, c’est à cette période que naissent les premières critiques à l’encontre du gouvernement du fait qu’il n’ait pas pu fournir suffisamment de masques à ces mêmes hôpitaux, mais également au reste de la population.

Tout d’abord, rappelons que Jérôme Salomon, Directeur Général de la Santé, affirmait le 26 février dernier « qu’il n’y pas de sujet de pénurie ».

Le gouvernement, par la voix notamment de Sibeth Ndiaye, porte-parole (et non ministre !) ont ensuite joué la carte de la non-nécessité des masques, trop « complexes » à utiliser :

Dernier épisode en date, il y a deux jours, le gouvernement tentait de justifier son volte-face sur l’utilité des masques :

Pour ne pas se retrouver là-aussi en pénurie, le gouvernement réfléchit au meilleur moyen de produire en France et très rapidement un grand nombre de respirateurs. Air Liquide Medical Systems, le seul fabricant français de respirateurs, se rapproche de l’État. Il propose ainsi au gouvernement d’augmenter sa production du modèle T60, conçu pour le transport des malades, mais qui peut s’adapter aux services de réanimations. Produire nationalement le matériel nécessaire à nos hôpitaux s’annonçait comme une perspective intéressante. Seulement…

Finalement un modèle inadapté

L’État passe donc une commande de 10.000 unités (majoritairement ces modèles T60). Pour l’aider dans sa production et « gagner du temps », Air Liquide s’allie alors à PSA, Valeo et Schneider Electric. Franceinfo écrit ainsi : « on ne peut rêver plus belle communication. Quatre fleurons de l’industrie française travaillant main dans la main, au service d’une noble cause, dans une crise d’une ampleur exceptionnelle. » Sur le site Internet d’Air liquide, il est écrit que : « face au besoin de respirateurs pour traiter les patients les plus sévèrement atteints par le Covid-19 […] Air Liquide, PSA, Schneider Electric, Valeo relèvent le défi de produire 10.000 respirateurs. » Air Liquide précise enfin que l’entreprise ne réalisera aucune marge sur ces appareils. Ils seront vendus à prix coûtant, soit environ 3.000 euros pièce, ce qui représente quand même une facture de 30 millions d’euros pour l’État.

Un premier problème survient alors, d’après Radio France : le modèle de respirateurs T60 est trop complexe à assembler ! Air Liquide propose alors de se rabattre sur une production en masse d’un autre modèle, qui nécessite moins de composants appelé Osiris 3. Au total, 8.500 respirateurs Osiris sont lancés, contre 1.600 T60.

Deuxième problème, selon certains médecins interrogés par la radio, ce ventilateur Osiris, indiqué comme un appareil de transport « léger et simple d’utilisation », ne conviendrait pas à soigner des malades gravement atteints. Plusieurs témoignages accablants de médecins vont en ce sens. « Ce n’est clairement pas, pour être pudique, un respirateur adapté à la prise en charge d’une détresse respiratoire aiguë compliquée. On a un peu l’impression qu’on a fait un effet d’annonce pour montrer qu’on était capable de produire 10.000 respirateurs. Mais personnellement je n’utiliserai pas un Osiris en réanimation. C’est très clair », explique Philippe Meyer, médecin-réanimateur à l’hôpital Necker à Paris. « Si vous vous en servez pour un syndrome respiratoire aigu, vous avez un risque de tuer le patient au bout de trois jours. Parce que ce n’est pas fait pour ça. Les malades du Covid ne sont pas faciles à ventiler. Il faut des respirateurs performants avec des systèmes de contrôle des pressions et des volumes. Au mieux, on peut s’en servir pour transporter un patient une demi-heure pour un scanner, mais c’est le maximum qu’on puisse demander à cet appareil. », déplore aussi l’anesthésiste réanimateur Yves Rebufat, du CHU de Nantes. Cette vision est partagée par d’autres experts en dispositifs médicaux consultés pour cette enquête.

Manuel Valls : l’un des grands responsables de la pénurie de masques que vit actuellement la France ?

Gêne palpable chez Air Liquide et au gouvernement

En réponse, Air Liquide, indique qu’il y a surtout un manque d’information auprès du personnel soignant. Selon l’entreprise, ce modèle peut être « adapté en réanimation moyennant des procédures (données) aux soignants ». Air Liquide se défend également en précisant que le National Health Service, le système de santé britannique, a validé ce modèle pour traiter les patients Covid-19. Enfin, le groupe précise que « le choix final de l’Osiris a été fait sur recommandation des experts du ministère de la Santé, et de la Société de réanimation de langue française [SRLF]. »  Fin mars, le président de cet organisme, Éric Maury, approuvait une note stipulant que les respirateurs de transport type Osiris ou Oxylog ne doivent être utilisés qu’en dernier recours. Martin Lavillonnière, le directeur administratif de la SRLF, a affirmé quant à lui au cours de l’enquête que son association « n’a pas été sollicitée pour rendre un avis sur quel respirateur privilégier pour une production d’urgence. »

C’est le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, qui est responsable du projet. Celle-là même qui nous conseillait au début de la crise d’investir en bourse pour y faire de bonnes affaires. Le cabinet se justifie par le délai trop court alloué pour produire une telle quantité d’appareils dans un contexte où les chaînes de productions peuvent manquer de personnels disponibles. Elle déclare que « le choix a été fait en lien avec le ministère de la Santé, mais aussi en tenant compte de la disponibilité des pièces critiques […] se posait la question de produire en un temps record dans un contexte où les chaînes logistiques sont fortement impactées par le ralentissement de l’économie. »

À la vue de cette gestion des masques et des respirateurs, la question de notre autonomie devient capitale, notre capacité à nous débrouiller par nous-même tout autant. Nous vous renvoyons d’ailleurs à notre dernière vidéo à ce sujet !

https://www.youtube.com/watch?v=KOxQ1UG0huY

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DIDIER TELLALIAN
4 années il y a

A savoir que les respirateurs n’empêchent souvent pas la désaturation du fait même que la maladie à ce stade a évolué en thrombose veineuse d’après ce que l’on comprend depuis environ un mois. Il faudrait dissoudre les Caillaux et fluidifier. L’antibiothérape précoce par les macrolides (azithromycine par exemple) est indiquée depuis longtemps et la chloroquine est actuellement toujours le plus puissant antiviral puisqu’il prévient la réplication des coronavirus en général et Covid-19 en particulier (The Lancet 01-11-203 comme rappelé mainte fois depuis janvier concernant les coronavirus). On reste assez sidéré des protocoles suivis par de nombreux hôpitaux français pour lesquels… Lire la suite »

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