Carlos Ghosn, PDG de Renault et de Nissan a peu à peu tout perdu.



En l’espace de deux mois, l’ancien patron de Renault et de Nissan a peu à peu tout perdu. Seuls ses proches le soutiennent sans réserve.

Le ciel lui est tombé sur la tête un jour de novembre. Alors qu’il venait d’atterrir à Tokyo pour retrouver sa fille et son petit ami, dans un bon restaurant de la capitale japonaise. La police nippone est montée à bord de son jet pour l’interroger trois heures durant et lui signifier son placement immédiat en garde à vue. Quelque 73 jours plus tard, Carlos Ghosn est toujours embastillé dans une prison tokyoïte, et les perspectives d’éclaircies doivent lui paraître plus éloignées que jamais.

Après une garde à vue interminable, les juges l’ont inculpé en décembre de fausses déclarations aux autorités boursières et d’abus de confiance aggravé en janvier. Ils ont également refusé ses deux demandes de libération sous caution, malgré ses espoirs et l’appui logistique des autorités françaises (notamment pour lui trouver un point de chute loin de tout protagoniste de l’affaire).

En clair et sauf surprise, Carlos Ghosn devrait rester à l’ombre dans des conditions bien plus strictes que celles prévalant au quartier VIP de la Santé jusqu’à la fin de son procès, dans quelques mois – vraiment au mieux. « Je suis fort mais je suis fatigué de tout ça », confiait-il aux « Echos » depuis le parloir, il y a quelques heures.

Il a tout perdu, ou presque

Logique, dans ces conditions, d’avoir une petite mine. Depuis son arrestation, le dirigeant vit une descente aux enfers, lui qui était depuis des années au pinacle de l’industrie automobile. Nissan l’a détrôné non sans violence de son rôle de président deux jours plus tard, le 21 novembre . Mitsubishi a fait de même dans la foulée. Et si Renault l’a longtemps protégé – présomption d’innocence et nécessité de trouver un remplaçant obligent -, Carlos Ghosn a finalement accepté de démissionner la semaine dernière et de passer le bâton à Jean-Dominique Senard . Pour que Renault puisse enclencher un nouveau cycle et pour pouvoir se consacrer à sa défense. Le triple patron, qui fréquentait les grands de ce monde, n’est même plus simple patron.

Pis, au-delà des accusations judiciaires, Carlos Ghosn subit un tir de barrage permanent avec les nombreuses révélations fuitant dans la presse. Liste non exhaustive : sa soeur aurait été rémunérée par Nissan, il aurait touché un énorme salaire secret chez Nissan-Mitsubishi BV, il jouit de somptueux logements à Rio, Beyrouth ou Paris , la structure hollandaise de l’Alliance RNBV aurait fait des donations à des universités libanaises et financé des missions de conseil pour Renault (ce qui est tout sauf son objet)…

Dans la tempête, le navire Ghosn ne reçoit pas beaucoup de réconfort. Effarés par ces pratiques, des anciens de Renault ne mâchent pas leurs mots en privé. En France, pas un homme politique n’ose le soutenir en public – il faut dire qu’il n’a jamais ménagé les tenants du pouvoir.

Idem chez le patronat tricolore, qu’il s’était mis définitivement à dos en passant outre l’avis de ses actionnaires sur son salaire, en 2016. Seul Loïk Le Floch-Prigent, l’ancien patron d’Elf Aquitaine, lui aussi passé par la case prison, a pris la plume en sa faveur.

Deuil en cours chez Renault

Au siège de Renault, la direction, qui lui assure son soutien, semble encore choquée par les événements. « Le management est encore un peu dans le déni », confiait il y a quelques jours une source gouvernementale. Depuis le départ, sa garde rapprochée crie au complot (comme lui), mais prêche plutôt dans le désert. « A notre connaissance, aucun élément n’accrédite réellement cette thèse », souligne une source proche de Bercy. Quoi qu’il en soit l’arrivée de Jean-Dominique Senard au volant devrait permettre de faire la part de choses et de bien saisir ce qui a pu se passer chez Nissan, Renault et RNBV.

A vrai dire, seuls ses proches le soutiennent sans réserve. Son fils Anthony l’a défendu dans le « Le Journal du Dimanche », ses filles sur Instagram. Dans ce « cauchemar », sa femme Carole, inquiète pour la santé de son mari qui a perdu dix kilos, a demandé de l’aide à l’Elysée et de Human Right Watch. Dans « Paris-Match », elle s’insurge contre un « acharnement » du Japon. L’ancien dirigeant de Renault et Nissan refuse cependant de la voir au parloir, de peur que le procureur ne s’en serve pour faire pression et lui arracher des aveux.

Source lesechos.fr – lire la suite de l’article

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Jacques Abel
5 années il y a

Toujours est-il que les Japonais ne craignent pas, eux, une fuite des investisseurs… Belle ascension, vertigineuse chute!
Quelle épitaphe.

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