Tapis. Le gouvernement mise tout sur ce grand débat. Au lendemain de l’acte 8 de la mobilisation des gilets jaunes, cette consultation annoncée par le président de la République le 10 décembre dernier est sur toutes les lèvres de la majorité. « Outil de la réconciliation » pour Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État au Numérique, « auberge espagnole où tout le monde apportera sa contribution », pour Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les hommes et les femmes, il est l’outil qui doit ramener la sérénité sur tout le territoire national, ronds-points compris. Censé débuter à la mi-janvier, le « débat national » a pour mission de redonner la parole à tous les Français pour faire naître une « réflexion profonde et partagée », selon les mots d’Emmanuel Macron. Et ce, « partout sur le terrain ». Le but : « bâtir le socle de notre nouveau contrat pour la Nation ».
Des intentions quelque peu abîmées par les nombreux cafouillages autour de l’organisation de cette consultation. Ministres, organisateurs des débats, élus locaux… Ces derniers jours, tous se contredisent sur les modalités qui pourraient régir cet espace de réflexion dans les prochains jours. Cette cacophonie pourrait même décourager certains citoyens à prendre part à ce que certains gilets jaunes dénoncent déjà comme une « mascarade ».
DES THÈMES LIMITÉS… OU ILLIMITÉS ?
Il y a tout de même, et fort heureusement, quelques (toutes petites) certitudes sur ce que sera ce grand débat. Celui-ci doit se dérouler en deux phases. La première est en cours : elle consiste à mettre à disposition des citoyens des « cahiers de doléances » dans les mairies dans lesquels ils peuvent inscrire leurs préoccupations. Et la seconde, qui doit démarrer à la mi-janvier et s’achever à la mi-mars, doit être celle des échanges sur tout le territoire national. Ils auront lieu à l’occasion d’une « multitude de réunions d’initiative locale », comme le détaille Chantal Jouanno, responsable du débat en tant que présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), dans les colonnes du Journal du Dimanche ce 6 janvier, organisées « à l’échelle d’une famille, d’un quartier, d’un village, d’une association ou d’un syndicat ».