Les chefs d’Etat et de gouvernement des vingt plus grandes puissances mondiales se retrouvent pour deux jours dans une capitale argentine sous très haute surveillance.
Les autorités argentines, critiquées pour leur incapacité à contenir les débordements autour du match de football River Plate-Boca Juniors à Buenos Aires samedi dernier, ont fait savoir qu' »aucune violence » ne serait tolérée, un an après un G20 de Hambourg marqué par des affrontements.
Une grande manifestation est prévue samedi à Buenos Aires, à l’appel de nombreuses ONG et associations.
Au-delà de la critique du G20 lui-même, c’est tout le ressentiment d’un pays miné par une longue crise économique, et promis à une cure d’austérité, qui devrait s’exprimer à cette occasion.
Du ressentiment, il y en aura aussi, pour d’autres raisons, à l’intérieur du centre des congrès transformé en camp retranché où se retrouvent des leaders représentant 85% du PIB mondial.
Donald Trump, bousculé chez lui par une enquête toujours plus menaçante sur l’ingérence russe avant l’élection présidentielle de 2016, s’est employé à échauffer les esprits avant même son arrivée.
L’imprévisible président américain a pris tout le monde de court en annulant jeudi, via Twitter, une rencontre très attendue avec le président russe Vladimir Poutine, une heure après avoir confirmé qu’elle aurait lieu.
Il souffle aussi le chaud et le froid avant un entretien bilatéral avec le président chinois Xi Jinping, très attendu alors que l’escalade de représailles commerciales entre les deux titans pèse déjà sur la croissance mondiale.
Face à cet activisme d’un président américain qui dédaigne les usages diplomatiques, l’enjeu de ce sommet du G20 sera de rester fidèle au credo du multilatéralisme qui avait présidé à sa toute première édition en 2008, sur fond de panique financière.
« Autour de la table du G20, les doutes sont là, les formes d’agressivité ressortent, les fractures reparaissent », a dit jeudi soir le président français Emmanuel Macron.
– « Belliqueux, isolationnistes » –
« Beaucoup voudraient faire croire qu’on résoudrait mieux nos difficultés en étant belliqueux, isolationnistes et en refermant nos frontières », a-t-il poursuivi. Sans nommer son homologue américain, avec lequel les relations, très cordiales au début, se sont nettement rafraîchies.
Dans un contexte de montée du protectionnisme, la signature officielle prévue vendredi d’un nouvel accord commercial entre Etats-Unis, Canada et Mexique, fera presque figure d’anomalie.
Reste à savoir si les leaders du G20 parviendront eux mêmes à parapher, à l’issue de leurs débats samedi, un communiqué final réflétant un consensus même minime sur quelques grands défis internationaux.
La rédaction de ce texte à la portée surtout symbolique bute en particulier sur la question du libre-échange, et sur le sujet du changement climatique.
« Aurons-nous un communiqué? La question se pose vraiment », se demande Thomas Bernes, ancien haut fonctionnaire international devenu expert au Centre for International Governance Innovation.
Entre une photo de famille et une réunion de travail, les participants du G20 multiplieront aussi les rencontres en tête-à-tête, ou en petit comité.
Dans des formats parfois inédits: il est ainsi prévu que Donald Trump voie les Premiers ministres japonais Shinzo Abe et indien Narendra Modi, une première.
Vladimir Poutine quant à lui, cible d’intenses critiques après l’escalade militaire déclenchée par la Russie contre l’Ukraine en mer d’Azov, doit voir Xi Jinping et Narendra Modi.
Mais aussi Shinzo Abe, au moment où Moscou et Tokyo s’activent pour trancher un vieux différend territorial autour des îles Kouriles, qui empêche jusqu’ici les deux pays de mettre un point final à la Seconde Guerre mondiale.
Le président russe a aussi prévu vendredi de voir Emmanuel Macron. Ce dernier, qui a prévu une réunion de coordination entre Européens avant que le sommet ne commence vendredi, risque de se trouver un peu esseulé.