3.000 magistrats et une centaine de greffiers ont publié une tribune, dénonçant leurs conditions de travail.
Des magistrats à bout
Les magistrats tapent du poing sur la table. Une tribune parue dans le journal Le Monde ce mardi 23 novembre met en lumière la dégradation de leurs conditions de travail. Alors qu’ils sont soumis au droit de réserve, ils y dénoncent une « logique de rationalisation qui déshumanise et tend à faire des magistrats des exécutants statistiques ». Cette tribune paraît suite au suicide d’une magistrate en août dernier.
« Nous ne voulons plus d’une justice qui n’écoute pas, qui raisonne uniquement en chiffres, qui chronomètre et comptabilise tout » déclarent les signataires. Ils condamnent, par ailleurs, une « vision gestionnaire de [leur] métier » régi par le temps. Selon eux, cette vision porte préjudice aux justiciables comme à « ceux qui œuvrent à son fonctionnement ».
Une justice à l’abandon
Dans ce texte, les auteurs expliquent également en quoi leurs conditions de travail se dégradent. Le nombre d’arrêts maladie en hausse constante est d’ailleurs là pour en témoigner. « Nous devons présider des audiences de 9 heures à 15 heures, sans pause, pour juger 50 dossiers ; après avoir fait attendre des heures des personnes […] nous n’avons que sept minutes pour écouter et apprécier leur situation dramatique » déplorent dans le texte les juges de proximité.
Cette cadence de travail traduit une « discordance entre notre volonté de rendre une justice de qualité et la réalité de notre quotidien » expliquent-ils. Face à eux se trouve un dilemme intenable : « juger vite mais mal, ou juger bien mais dans des délais inacceptables ». L’Union syndicale des magistrats a soutenu les arguments énoncés par ces magistrats dans un communiqué. « La justice est à bout de souffle et ne peut plus remplir ses missions » souligne-t-elle. Des propos qui font d’ailleurs écho au coup de gueule poussé par l’avocat François Boulo il y a quelques jours.
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Une rencontre avec le ministère de la Justice
De son côté, Paul Huber, le directeur des services judiciaires chargé des ressources humaines a répondu à cette tribune. Il se dit « particulièrement conscient que les deux années éprouvantes qui viennent de se succéder, après un mouvement social et la crise sanitaire, n’ont fait qu’exacerber des tensions présentes dans le monde judiciaire depuis de très nombreuses années ». Le garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti, souhaite dans les prochains jours échanger avec une délégation des signataires de cette tribune. Une rencontre qui risque une nouvelle fois de tourner en simple opération de communication. En effet, les magistrats ont déjà signalé ces problèmes par le passé, sans pour autant que la Macronie n’en tienne compte…
Affaire à suivre…
Le Média pour Tous
Et là faut invoquer Jean Castex : le meilleur moyen de ne pas surcharger la justice c’est de ne pas être victime d’injustice ! Merci Jean.
Professeur de philosophie à l’éducation nationale , nous subissons le mêm sort que les avocats et les magistrats , nous ne pouvons plus assurer notre mission, et notre métier a perdu tout son sens .