Le néolibéralisme orchestre-t-il depuis ses origines la guerre civile ? Dans « Le choix de la guerre civile » (Lux), un ambitieux essai collectif, le célèbre tandem Christian Laval et Pierre Dardot, épaulés par deux collègues, Haud Guéguen et Pierre Sauvêtre, tentent de soutenir cette thèse radicale.
Que le néolibéralisme ait recours à des méthodes violentes, autoritaires, et antidémocratiques, c’est un fait désormais solidement établi. Si ce pont aux ânes se faisait contester il y a quelques années encore, la brutalité de la répression des gilets jaunes en France, ou celle des manifestants chiliens contre la hausse du prix du ticket de métro par le président néolibéral Sebastian Piñera, en a récemment donné une démonstration qui crève – littéralement – les yeux.
Sur un plan théorique et intellectuel, les dernières années témoignent d’une prolifération de travaux universitaires qui étayent incontestablement ce constat. On pense notamment aux deux précieuses généalogies de Serge Audier (Le Colloque Lippmann. Aux origines du néolibéralisme) et de Barbara Stiegler (Il faut s’adapter), et à la remarquable étude de Grégoire Chamayou (La société ingouvernable. Une généalogie du libéralisme autoritaire), récemment annexée par deux textes inédits de Carl Schmitt et de Hermann Heller (Du libéralisme autoritaire).
VIOLENCE DU MARCHÉ
Or malgré l’évidence du constat, demeure la question : ces pratiques violentes et autoritaires sont-elles de circonstance ou bien relèvent-elles de l’essence même des régimes néolibéraux ? Dit autrement, la violence néolibérale est-elle l’exception ou la norme ? Dans un ambitieux essai collectif, Le choix de la guerre civile. Une autre histoire du néolibéralisme, les sociologues Christian Laval et Pierre Sauvêtre, et les philosophes Pierre Dardot et Haud Guéguen, soutiennent audacieusement la seconde hypothèse.