Stanislas Guérini a exigé le changement d’une photo de campagne pour les élections départementales, où une suppléante apparaît voilée.
Schiappa interrogée par Bardella
Lundi soir, le numéro deux du Rassemblement national Jordan Bardella a dénoncé sur Twitter l’affiche de campagne des candidats LREM de Montpellier, où une suppléante s’affiche voilée. Questionnant Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, sur son axe de « lutte contre le séparatisme », Jordan Bardella obtint la réponse par le biais du patron de LREM, Stanislas Guérini. Ce dernier posa un ultimatum à l’équipe montpelliéraine.
Les valeurs portées par LREM ne sont pas compatibles avec le port ostentatoire de signes religieux sur un document de campagne électorale. Soit ces candidats changent leur photo, soit LREM leur retirera leur soutien. https://t.co/7jBY4sGH2j
— Stanislas Guerini (@StanGuerini) May 10, 2021
Passes d’armes au sein du parti
Cependant, la réponse du délégué général LREM n’a pas fait l’unanimité. Ce matin, les députées du Val d’Oise Cécile Rilhac et Naïma Moutchou ont vivement critiqué l’intervention de Stanislas Guérini sur Twitter. Pour Cécile Rilhac, « l’extrême droite ne doit pas dicter notre agenda politique et encore moins les règles électorales ». « Aucun texte de loi n’interdit le port de signes religieux dans une campagne électorale ou lors d’un mandat ! Le foulard de cette femme n’est pas contraire à la loi républicaine », a-t-elle ajouté.
La députée Naîma Moutchou, également vice-présidente de la Commission des Lois, a quant à elle estimé qu’« écarter cette candidate serait une discrimination », avant de conclure : « le mépris du droit, c’est l’agenda du RN. Pas le nôtre. »
Écarter cette candidate serait une discrimination. La loi protège les convictions religieuses et la liberté de les afficher en campagne électorale. La jurisprudence est tout aussi claire. Puis les électeurs décident.
Le mépris du droit, c’est l’agenda du RN. Pas le nôtre. https://t.co/0rd41P7aiO
— Naïma Moutchou (@NaimaMoutchou) May 10, 2021
Dans le même temps, le député de la Vienne Sacha Houlié a également déclaré être « en total désaccord avec ces propos ». Pour lui, « relayer un cadre du FN, c’est injustifiable. Ce parti, leurs opinions, leurs dirigeants, je les combats ».
Gabriel Attal soutient Guérini
Invité de France Inter ce mardi matin, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a assuré Stanislas Guérini de son soutien. Même si « juridiquement, rien n’empêche une personne de se présenter à une élection avec un signe religieux », Gabriel Attal a indiqué que LREM « ne souhaite pas présenter de candidat avec un signe ostensible religieux ».
Refus d’une candidate voilée sur une liste #LREM à #Montpellier #Régionales – @GabrielAttal : « On ne souhaite pas présenter un.e candidat.e avec un signe ostensible religieux, c’est une question de choix politique » #le79inter pic.twitter.com/DSdxY4vW3b
— France Inter (@franceinter) May 11, 2021
Pour le benjamin du gouvernement, il s’agit avant tout d’« une question de choix politique ». « Quand on présente un candidat à une élection, cela doit se faire dans un cadre de neutralité », a-t-il précisé.
Qui est Sara Zemmahi, la suppléante voilée ?
Sara Zemmahi, ingénieur de profession, semble avoir d’autres axes idéologiques que le macronisme. En effet, la candidate suppléante LREM de Montpellier est également la fondatrice de Tabassam. Cette association créée en 2015 explique vouloir notamment « promouvoir la réussite des jeunes, favoriser les échanges et venir en aide aux plus démunis ». Mais, d’autre part, l’association participe activement à la promotion du hijab, et n’hésite pas à relayer tour à tour des publications de Tariq Ramadan et de son frère, Hani Ramadan.
La soumission et le déshonneur frappent de plein fouet le macronisme
Sara Zemmahi candidate voilée En Marche est aussi vice-présidente de l’association freriste Tabassam proche de Tariq Ramadan ! pic.twitter.com/bdHmybWGok
— Eric Ciotti (@ECiotti) May 11, 2021
Selon Public Sénat, le délégué général LREM Stanislas Guérini aurait depuis fait son mea culpa auprès de sa famille politique. Sur le fond, il explique ne pas souhaiter une modification du droit. Tandis que sur la forme, « avec le recul, je pense que c’était une erreur de répondre à Bardella » et « si certains ont été heurtés, je m’en excuse », a-t-il insisté. LREM, un parti compliqué.
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