Quelques petits évènements nous montrent que les Français dans leur ensemble, leurs élus, leurs journalistes et commentateurs ont des vues assez floues sur ce que veut dire produire français.
Le Président de la République, en visite dans une usine en Eure et Loir déclare tout de go que l’installation va produire des millions de doses de vaccins dont le pays a besoin. Erreur, il s’agit seulement de flaconnage, la production du vaccin reste aux USA, et il s’agit de matériels de conditionnement, il y aura création d’emplois mais rien de plus. La production de vaccins viendra peut-être un jour mais ce sera un autre type d’installation comme celle qui existe chez Sanofi à Marcy l’Etoile (anciennement Mérieux-Pasteur).
Lorsque les mats des éoliennes d’Iberdrola pour la baie de Saint-Brieuc sont annoncés comme produits en France (en Bretagne !) à Brest, dans les installations dédiées par les élus aux « énergies marines «, les régionaux se frottent les mains : enfin des emplois industriels ! En fait on apprend un peu plus tard que les tuyaux venus d’Espagne viennent se faire souder à Brest …en attendant de repartir en Espagne pour finition ! Encore de la fiction sur le « produit en France » ! Et encore faudrait-il bien regarder si les soudeurs eux-mêmes ne vont pas être importés car ce n’est pas une profession technique où nous avons formé beaucoup de spécialistes.
France-Relance a publié le 16 février 2021 la liste des lauréats des fonds de modernisation automobile et aéronautique. Un examen approfondi de 248 projets automobiles et 244 projets aéronautiques laisse perplexe : beaucoup d’entreprises appartiennent à des sociétés étrangères, européennes mais aussi japonaises ou chinoises, et il s’agit le plus souvent de subventions pour l’achat de matériel de « modernisation » non fabriqués en France ! Il y en a pour 431 millions d’euros. On peut légitimement s’interroger sur ce que l’on fait avec l’argent public. Dans le pire des cas, hélas fréquent, on soutient des industriels en déroute pour acheter du matériel à l’étranger, alors qu’ils ont déjà abandonné le souci de la rentabilité, pour concurrencer des sociétés 100% nationales qui n’ont pas sollicité d’aides malgré les difficultés de l’heure. Financer une entreprise chinoise qui a arrêté son bureau d’études et sa recherche pour automatiser des productions anciennes avec du matériel importé de Chine cela rime à quoi ? Sauver des emplois ? Pour un an ou deux ? C’est cela une politique de relance de l’industrie française ?