Depuis 8 mois, une convention de 150 personnes représentatives travaillent sur des propositions pour lutter contre le réchauffement climatique.
Lors du « grand débat national » censé apaiser la colère des Gilets Jaunes, Emmanuel Macron avait annoncé la création d’une convention citoyenne pour le climat afin de répondre aux enjeux climatiques. Composé de 150 Français tirés au sort et représentatif de la population, ce conseil a effectivement vu le jour en novembre dernier. Ce week-end, il examine une dernière fois ses propositions avant de les présenter au gouvernement. Même si personne n’est dupe, sur le sort funeste promis à ces suggestions, le fonctionnement de cet embryon démocratique reste tout de même intéressant à analyser.
Un laboratoire de démocratie
Le tirage au sort, déjà utilisé par les tous premiers démocrates athéniens, est défendu depuis de nombreuses années par les partisans d’une vraie démocratie. C’est le cas notamment de l’essayiste Etienne Chouard, qui avant de devenir un grand défenseur du RIC, se concentrait essentiellement sur le tirage au sort en opposition à l’élection. Celui-ci permet par exemple de libérer les débatteurs du poids des lobbies. Aucun tiré au sort n’a en effet à agir pour remercier ceux qui l’ont fait élire.
Lutter contre la « dictature des experts »
L’expérience faite ici avec cette convention démontre qu’avec du travail, presque n’importe qui peut s’élever au rang de citoyen politique. Depuis toujours nos gouvernements n’ont eu de cesse de nous répéter qu’eux seuls étaient compétents pour décider pour nous. Mais cette expérience semble pourtant déboucher sur des propositions bien plus raisonnables que toutes celles formulées par nos gouvernements présents et passés.
Quelles sont les propositions faites par la convention ?
Les propositions retenues par la convention sont au nombre de 150. Celles-ci concernent de nombreux domaines de la société : le logement, la nourriture, les déplacements, la consommation, la production et le travail… Parmi les suggestions, on note par exemple, l’obligation d’isoler les logements (avec des aides pour les plus modestes), passer au moins 50% des terres en bio d’ici 2040, instaurer une taxe climat sur les dividendes importantes, ou encore supprimer tous les plastiques à usage unique d’ici 2023.
La vraie démocratie est une ode à l’intelligence collective
Là où le gouvernement représentatif repose sur une poignée de personnes élues, censées agir dans notre intérêt, la vraie démocratie, elle, se fonde sur l’intelligence collective de citoyens « ordinaires ». Lorsque l’on est investi d’une mission, sans aucun intérêt propre, la posture naturelle est de produire le meilleur travail possible. Les élus doivent souvent satisfaire des intérêts privés et flatter leur électorat pour se faire réélire. Les tirés au sort, eux, ne peuvent qu’agir en fonction de l’intérêt commun. De part leur nature de citoyens lambda ils sont également bien plus représentatifs de la société que ne l’est notre « élite » politicienne.
Macron sonne la fin de la récrée
Le président de la République s’est engagé à reprendre « sans filtre » chacune des propositions établies par la convention. 55 députés ont même assuré se tenir « prêts à prendre la suite des travaux ». Et là est tout le problème. Dans une véritable démocratie, ce ne seraient pas nos politiciens qui décideraient du sort de ces mesures, mais le citoyens eux-mêmes. Là encore, nos dirigeants se posent en sages, seuls adeptes à décider du bien fondé de ces idées.
Vaste opération de communication ?
En réalité, cette histoire a tout d’un énième coup de communication. Passé maître dans cet art, le chef de l’État a même déclaré envisager des référendums. Or à la lumière de cette première moitié de quinquennat, on sent venir une nouvelle fumisterie. Emmanuel Macron a d’ailleurs déjà plusieurs fois laissé entendre qu’il envisageait des référendums, sans jamais le concrétiser. Et si jamais certaines propositions étaient mises aux voix, nul doute qu’il choisirait les moins dérangeantes pour sa politique néolibérale. L’écologie n’est définitivement pas compatible avec le capitalisme.
Les états généraux de l’alimentation, épisode 2 ?
Ce procédé n’est pas sans rappeler l’épisode des états généraux de l’alimentation. En 2018, le gouvernement avait en effet organisé une consultation citoyenne sur les politiques à mener en matière d’alimentation. De nombreux citoyens s’y étaient laissés prendre et avaient répondu à l’appel. Seulement, quelques temps plus tard, le ministère de l’agriculture avait vider toutes ces propositions de leurs substances. Il réduisait ainsi à néant des mois de travail. Lorsque l’on connaît l’indifférence de ce gouvernement aux questions environnementale, il y a fort à parier que les idées trop gênantes émises par la convention finiront elles aussi aux oubliettes.
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À quand une assemblée tirée au sort pour réécrire la constitution ?
Pourtant utilisé avec brio dans les jurys d’assise et dans diverses expériences, le tirage au sort a encore mauvaise réputation. Et pour cause, les gouvernements successifs du pays ont toujours tout fait pour opposer leur grande sagesse à la bêtise du vil peuple. Notre impuissance politique vient pourtant du fait de notre constitution que nous n’avons pas écrit nous-mêmes. Une assemblée constituante tirée au sort pourrait s’avérer salutaire pour nous libérer du joug de nos dirigeants. Mais pour en arriver là, il reste un long chemin à parcourir…
Le Média pour Tous
comme dit étienne chouard : la démocratie, faut s’en occuper. nous, nous avons donné un chèque en blanc aux élus, et on regarde le foot ou poubelle la vie à la télé…. ya un moment où faut pas s’étonner d’être trompés par ceux qui sont sensés prendre soin de nos affaires sans le moindre contrôle de la part des laxistes (nous) qui leur ont donné le pouvoir