Bolivie : après leur coup d’état, les putschistes néolibéraux veulent saboter les prochaines élections


Les Etats-Unis, toujours dans les bons coups...


Renversé par un coup d’état des néolibéraux, les socialistes de Bolivie, bien placés pour revenir au pouvoir par les urnes, pourraient être bloqués par un nouveau procès politique. Une enquête pour corruption a en effet été ouverte contre Luis Arce, nouvelle tête de gondole du parti.

Va-t-on assister à un nouveau cas de procès politique ou « Lawfare » en Bolivie ? Tout porte à le croire. Comme dévoilé par Romain Migus, journaliste spécialisé en politique latino américaine, et récemment interviewé par Le Média pour Tous à propos du Venezuela, le candidat du MAS aux prochaines élections boliviennes pourrait se retrouver embarqué dans une affaire judiciaire qui a tout du coup monté.

Pour bien comprendre, il faut rappeler les faits. En octobre dernier, des élections générales ont lieu en Bolivie ; le président sortant (en exercice depuis 14 ans), Evo Morales, est très largement réélu (47% contre 37% pour son premier poursuivant). Seulement cette réélection n’est pas du goût de tout le monde, et certainement pas des néolibéraux qui l’accusent, avec le soutien des USA, d’avoir truqué les votes. Le président est même fragilisé dans son propre camp à cause de certaines décisions. Peu après le scrutin, l’armée et la police réclament la démission du chef de l’Etat. Le pays entre alors dans un climat insurrectionnel et Morales accepte de partir pour éviter un bain de sang. Exilé au Mexique, puis en Argentine, il serait aujourd’hui arrêté s’il rentrait en Bolivie.

Dans ce climat de chaos, la deuxième vice-présidente du Sénat, Jeannine Añez, s’autoproclame présidente par intérim de Bolivie. Comme au Venezuela avec Juan Guaido, les Etats-Unis reconnaissent aussitôt cette partisane du néolibéralisme comme présidente légitime. La situation est d’autant plus ubuesque que son parti, le mouvement social-démocrate, n’avait obtenu que le score famélique de 4% aux élections d’octobre dernier…

Evo Morales, qui avait juré « d’enterrer le néolibéralisme » et « d’affronter l’impérialisme américain » ne s’est pourtant pas découragé ; depuis son exil, il contribue à une nouvelle campagne présidentielle. Après avoir dénoncé le coup d’État, selon lui motivé par la présence importante de lithium dans son pays, il a ainsi adoubé son ex ministre de l’économie, Luis Arce. Mais celui-ci fait donc aujourd’hui face à des accusations de corruption. Dans le cadre d’un scrutin honnête, les chances de remporter les élections du MAS seraient malgré tout très bonnes. Morales reste en effet populaire en Bolivie ; grâce à une politique de nationalisation et de redistribution, il a fait passer le taux de pauvreté du pays de 38% à 15%, ce qui n’est pas une mince affaire dans l’État au plus faible PIB par habitant d’Amérique du sud.

L’opposition néolibérale cherche donc à déstabiliser cette popularité par tous les moyens. Ce phénomène est très courant en Amérique du sud, où l’ombre des Etats-Unis n’est jamais très loin. Dans une région où le socialisme (et on parle ici d’un véritable socialisme, différent de celui de François Hollande…) a une histoire très marqué, les Etats-Unis ont toujours fait en sorte de limiter son influence. Plusieurs coups d’Etats ou tentatives de coups d’Etat ont ainsi essayé d’imposer le libéralisme dans ces pays. Dans l’Histoire récente, on se souvient du Venezuela en 2002, d’Haïti en 2004 ou encore du Paraguay en 2012. Si on remonte plus loin, personne n’a oublié en Amérique du Sud, « l’opération Condor » soutenue par les Etats-Unis, et dont certains États portent encore les traces aujourd’hui.

Le Lawfare, la nouvelle arme des libéraux

Mais ces dernières années, les libéraux ont trouvé une nouvelle manière de nuire à leur adversaire : le lawfare. Monter des affaires judiciaires de toutes pièces permet ainsi de salir les opposants au modèle libéral, allant parfois jusqu’à les conduire en détention. C’est par exemple ce qu’il s’est produit au Brésil, par deux fois. D’abord en 2016, où Dilma Roussef fut destituée, puis en 2019 où Lula est envoyé en prison pour corruption. Ce dernier, ultra populaire au Brésil, et annoncé gagnant dans tous les sondages, a ainsi été écarté de la course à la victoire au profit de l’ultra-libéral Jair Bolsonaro. Les éléments judiciaires contre Lula étaient pourtant bien faibles (celui-ci a d’ailleurs été relâché depuis), mais ils ont permis aux Etats-Unis d’atteindre leur but. Ce phénomène du Lawfare semble se propager dans le monde entier, y compris en France, notamment avec les procès des gilets jaunes ou encore dans le monde du journalisme, avec Edward Snowden ou Julian Assange. Aujourd’hui, il pourrait bien s’appliquer une nouvelle fois en Bolivie. Et si cette stratégie d’étouffement de l’opposition anti-impérialiste venait à échouer, il y a tout à craindre concernant la probité des élections prochainement organisées en Bolivie…

Affaire à suivre.

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Pierre Jean
4 années il y a

J’ai vécu une dictature féroce dans un pays d’Amérique latine, je n’ai jamais pu voter pour un président depuis 1964 jusqu’à début des années 90. Depuis la démocratie est installée avec beaucoup de difficultés, car l’élite d’affaires est et a toujours été corrupue, favorable à la politique nord-américaine d’exploiter le peuple jusqu’à l’os. Le crétin qui gouverne actuellement est un clown trumpiste, privatisant toute un pan des entreprises publiques performantes, surtout laissant les américains mettre leurs mains sales du sang qu’ils ont torturé et tués les opposant par le biais de la CIA. Actuellement, plusieurs membres de la famille du… Lire la suite »

Trouxhinio
4 années il y a

En Bolivia avait une dictature, aujourd’hui la démocratie est revenue, votre information est hors contexte et loin de la vérité. Vous devriez bien vérifier vos sources avant de mettre en ligne des informations de cette genre

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