Après des mois de bataille, Veolia va racheter Suez !


Par Jack Dion pour Marianne

Après six mois de bataille, le groupe Veolia, numéro 1 de l’eau et du traitement des déchets, a mis la main sur Suez, numéro 2, ce dimanche 11 avril. Mais qui boira la tasse ?

D’ordinaire, on nous explique que la concurrence est un principe sacré avec lequel il est impossible de transiger. Ainsi, c’est au nom de ce dogme coulé dans le marbre des traités européens que l’on met en cause des services publics comme la SNCF ou que l’on prétend éclater EDF en divers morceaux. Mais quand il s’agit d’entreprises privées contrôlant un secteur aussi essentiel que celui de l’eau et des déchets, on laisse le numéro 1 absorber le numéro 2 en toute quiétude, sans s’inquiéter outre-mesure des conséquences de l’affaire pour les consommateurs, et encore moins pour les salariés. Les oligarques font la loi, leur loi, l’important étant que les actionnaires s’y retrouvent.

C’est ce qui s’est passé avec Veolia et Suez, les deux groupes dominants du marché de la flotte. Au terme de sept mois de batailles, de surenchères, de manœuvres en tous genres, le premier nommé, qui est le plus gros, a bouffé le second, en lui laissant une poire pour la soif, et de grandes incertitudes pour l’avenir.

UN MINI SUEZ

A en croire les voix officielles, tout est bien qui finit bien. Antoine Frérot, PDG de Veolia, a clamé haut et fort : « Un accord gagnant gagnant gagnant gagnant ». Le ministre Bruno Le Maire en a rajouté une goutte : « C’est un bon accord ! ». Bon pour qui ? Pour Veolia, nul n’en doute. Son chiffre d’affaires, qui était de 26 milliards d’euros, va passer d’un seul coup à 37 milliards d’euros, ce qui tient du miracle de la multiplication des petits pains. Par contre, Suez, qui pesait 16 milliards d’euros sur la balance, tombe à 6,9 milliards – une sacrée différence de poids. Le « nouveau Suez », comme ils disent, n’est plus qu’un « mini Suez », limité à ses activités françaises plus quelques autres morceaux à l’étranger, le tout regroupé dans un conglomérat où l’on retrouve entre autres la Caisse des dépôts et le fond Meridiam.

A part ça, tout va bien. Comme d’habitude, on raconte la romance du mariage mirifique et la naissance bienvenue d’un « champion mondial de la transformation écologique ». On en pleurerait de joie. On oublie au passage les sommes gigantesques dépensées pour aboutir à cette OPA. On oublie les banques d’affaires entrées dans la danse, les campagnes de communication dispendieuses, les avocats d’affaires qui soignent d’abord les leurs, les lobbies grassement rétribués, sans parler des questions demeurées dans l’ombre quant aux conséquences de ce règlement de compte à OK Capital.

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