Le terme « fait divers » a dans l’esprit de l’opinion une connotation péjorative. Il renvoie souvent dans la presse ce que l’on appelle avec mépris la rubrique des « chiens écrasés ». C’est une erreur, car les faits divers ont un mérite considérable, celui de raconter une société, d’en décoder les ressorts sociaux et souvent d’en révéler les enjeux de pouvoir. Cela explique le succès de la littérature policière, ce « second rayon » ou les chefs-d’œuvre côtoient le pire. Et également la passion de l’opinion pour ces histoires qui mettent en scène l’humanité et la société, passion évidemment utilisée par l’argent pour y placer ses propres marchandises.
La tragédie de Poissy, qui a vu un adolescent de 15 ans poussé au suicide par un harcèlement scolaire, est une terrible leçon de choses. Au-delà de la violence qu’elle expose, elle raconte de façon caricaturale le macronisme. Dans la façon dont le phénomène du harcèlement scolaire, symptôme des dérèglements d’une société en crise, est pris en charge et traité par la caste. Ou le mépris et l’arrogance sont les outils qu’elle utilise pour les traiter. Auxquels s’ajoutent, en cas de scandale devenant public, l’utilisation de toutes les méthodes permettant aux protagonistes de se mettre à l’abri. La rectrice de l’académie de Versailles sous la responsabilité de laquelle la tragédie s’est nouée, connaîtra peut-être quelques jours difficiles, mais pas d’inquiétude, l’étouffoir fonctionnera et elle pourra poursuivre sans problème sa carrière dans la confortable pantoufle qu’elle s’est octroyée.
Gabriel Attal est un politicien rusé. Par exemple, pour masquer les aspects catastrophiques d’une rentrée scolaire qui voit l’Éducation nationale réduite à gérer une pénurie dramatique, il a lancé la polémique sur l’abaya. Grâce au système médiatique et aux surenchères de Mélenchon, la diversion a fonctionné à plein. Cette fois-ci, confronté à la tragédie de Poissy, et face au comportement scandaleux de l’administration dont il vient de prendre la direction, il a lâché celle-ci en rase campagne en qualifiant sa conduite de « honteuse ». En n’hésitant pas à peut-être prendre quelques risques vis-à-vis de son patron Emmanuel, Macron puisque la carrière de la principale responsable avait bénéficié de toutes ses attentions.