« Tracking » : pour Castaner, le pistage sera « retenu et soutenu » par les Français

Selon une étude menée par l’université d’Oxford le 27 et 28 mars sur 1000 personnes en France, 8 Français sur 10 seraient favorables à l’installation d’une application de pistage. Alors que plusieurs membres du gouvernement s’étaient déclarés contre l’utilisation des données de géolocalisation des citoyens en période de confinement, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner semble, au contraire, y trouver un certain intérêt afin de protéger les Français.

Un nouveau changement de cap pour le gouvernement ? Certainement, pour Christophe Castaner, qui déclarait le 26 mars dernier au sujet du traçage: « Ce n’est pas la culture française. Je fais confiance aux Français pour que nous n’ayons pas à mettre en place ces systèmes qui, au fond, atteignent la liberté individuelle de chacun pour être efficaces. Donc ce n’est pas un sujet sur lequel nous travaillons », déclarait-il auprès de Léa Salamé sur France 2. Aujourd’hui, il semble que le point de vue du premier flic de France ait changé. Dimanche dernier, il affirmait que « le tracking fait partie des solutions retenues par un certain nombre de pays, donc nous avons fait le choix de travailler en lien avec eux pour regarder ces solutions. Je suis convaincu que si elles permettent de lutter contre le virus et, si évidemment, elles respectent les libertés individuelles, c’est un outil qui sera retenu et soutenu par l’ensemble des Français ». Même si le tracking ne serait, en premier lieu, qu’à visée médicale à travers le traçage de coordonnées GPS afin d’éviter toute contamination, il n’est pas certain que l’ensemble des Français soit favorable à cette décision, notamment en ce qui concerne la collecte des données…

Et pourtant, une récente étude britannique portant sur « l’acceptabilité d’une application téléphone pour tracer les contacts porteurs du Covid-19 » démontre, au contraire, que 80% des Français installeraient cette application « sans doute » ou « probablement » si celle-ci était disponible. Castaner aurait donc raison. Néanmoins, il est précisé que « le taux d’adhésion est cependant plus faible chez les personnes qui ne font pas confiance au gouvernement en général ». Un résultat peu étonnant.

Comment ça marcherait ?

Le projet le plus avancé en Europe est celui qui est mené par un consortium piloté par des chercheurs de l’université britannique d’Oxford. Leur application ne se base pas sur la géolocalisation mais sur la technologie bluetooth. L’idée est de garder en mémoire toutes les personnes croisées ayant installé la même application afin de les alerter en cas d’apparition de symptômes et/ou détection de virus. Voici le schéma que l’équipe présente :

Dans la revue Science, l’équipe explique :

Une application de pistage des contacts, qui enregistre dans une mémoire locale les contacts de proximité et informe immédiatement ceux des cas positifs, peut permettre de contrôler l’épidémie si elle est utilisée par suffisamment de personnes. En ciblant les recommandations de quarantaine uniquement sur les personnes à risque, les épidémies pourraient être contenues sans avoir besoin de mesures de confinement généralisé, préjudiciables à la société.

Certes, encore faut-il articuler ce tracking avec un dépistage massif ! Car sinon, qui peut dire dans l’application s’il est contaminé ou non, si ses symptômes sont bien ceux du Covid-19 ? On en revient donc au même point. Par ailleurs, une autre question fondamentale se pose :

Le traçage est-il légal ?


Mercredi dernier, lors de la mission d’information à l’Assemblée nationale, le premier ministre Édouard Philippe avait évoqué que « ces dispositifs [de traçage] en France ne seraient pas légalement permis ». Cependant, il n’a pas non plus fermé la porte à un pistage basé sur « l’engagement volontaire » de citoyens. Quant à la Cnil, grande garante des données individuelles informatiques, elle a demandé à l’État de « privilégier le traitement de données anonymisées » ou consenties. Pourtant, un amendement LR au Sénat a déjà tenté d’autoriser le « backtracking » (ou « retour sur traces »). Rejeté, l’amendement aurait pu « modifier par ordonnance et de manière temporaire la loi » afin de permettre le tracking, selon le sénateur de l’Ain.

Plusieurs grandes entreprises, sentant l’ouverture d’un potentiel marché, ont déjà débuté la programmation d’applications de traçage. Ainsi, Amazon, Google et Palantir, toutes trois des entreprises américaines spécialisées dans la collecte de données, s’engouffrent dans cette brèche. Soulignons la présence de l’entreprise Palantir, financée par la CIA, et qui compte parmi ses clients des organisations comme le FBI, la NSA, et même… la DGSI avec un contrat de 10 millions d’euros, de 2016 à 2018 !

La méfiance s’impose !

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