Aucun délinquant arrêté ! Voilà qui résume le bilan de l’expérimentation locale par la police de San Diego d’un système de reconnaissance faciale. Mais le déploiement de ces systèmes à l’échelle des nations continue.
Munie de ce système de reconnaissance faciale, la police californienne n’en aura tiré aucun profit. Testé depuis 2012, il n’a pas été reconduit en 2020. Il était utilisé pour la ville de San Diego par une trentaine de services de police et de sécurité, équipés de plus de 1.300 smartphones et tablettes compatibles.
Via la photo d’un suspect, le dispositif permettait de comparer le visage à une immense base de données, qui brassait 1,8 million de personnes recherchées. En moins de deux secondes, l’outil s’appuyait sur la forme des oreilles, la couleur de la peau et des cheveux mais aussi la distance entre les deux yeux pour donner son verdict. Au total, plus de 65.000 visages ont été soumis à cette analyse, ne donnant lieu à aucune arrestation ou poursuite, a fait savoir un porte-parole de la police.
Un manque de fiabilité au niveau régional et des controverses…
Fin décembre 2019, une étude menée par le gouvernement américain soulignait que cet outil s’avérait plus ou moins fiable en fonction de la couleur de peau des visages analysés. Les dizaines d’algorithmes scrutés à la loupe avaient tendance à identifier à tort les personnes asiatiques ou noires comme suspectes cent fois plus souvent que les personnes blanches.
À noter que San Diego fait figure de ville pionnière en matière de technologies de surveillance. D’après l’Electronic Frontier Foundation, une association américaine de défense des libertés en ligne, la police de San Diego utilise déjà des drones, mais aussi d’autres technologies de reconnaissance des tatouages ou des plaques d’immatriculation.
Les policiers de terrain ont mis en avant le fait qu’ils préféraient tout de même s’appuyer sur le système de reconnaissance des empreintes digitales, plus fiable, et dont la base de données est nationale. En effet, le système de reconnaissance faciale ne fonctionnait qu’à une échelle régionale, ce qui limitait sa pertinence. Via le vote d’une nouvelle loi, l’utilisation de cette technologie par la police a donc été interdite pour trois ans, dans l’État américain.
… Mais toujours plus de caméras et de reconnaissance faciale à travers le monde !
En Chine par exemple, à une échelle nationale, on observe tous vos faits et gestes. Des caméras sont déployées un peu partout et les forces de police utilisent depuis de nombreuses années la reconnaissance faciale dans leur travail d’identification. Cette technologie porte même un nom, Technopolice.
Au niveau Européen, Londres est la deuxième ville la plus surveillée au monde, après Pékin, avec ses quelques 420.000 caméras. En France, c’est la ville de Nice qui fait office de pionnière en la matière. La reconnaissance faciale n’est que le prolongement logique de cette surveillance généralisée. Pour en savoir plus, nous renvoyons nos lecteurs au dossier complet que nous avions consacré à la reconnaissance faciale en novembre dernier :
Avec Alicem, demain tous les Français fichés sur Internet ?
Alicem est une application gouvernementale actuellement en test. Cette application pourra être utilisée pour se connecter à tous les services officiels en ligne. Alicem agira comme « un sésame numérique » pour se connecter à des sites tels que l’Assurance Maladie, la CAF, Pôle emploi ou encore le site pour régler ses impôts. Concrètement, à la manière de certains sites qui proposent de se connecter via son compte Facebook ou Google, il sera possible de se connecter à tous ces sites du service public via Alicem. Cette application sera liée avec le numéro de passeport pour contrôler l’identité numérique des Internautes.
Avec Alicem, l’État français veut institutionnaliser la reconnaissance faciale https://t.co/s5pNIhWg6I #technopolice
— khams (@khamsou) October 7, 2019
Afin de vérifier si le passeport n’est pas un faux, ou n’a pas été volé, Alicem nous encouragera à faire « un selfie vidéo de vérification ». L’application fera ensuite correspondre la photo du passeport avec la vidéo. C’est à cette étape que le principe de reconnaissance faciale va être utilisé par l’application pour savoir si les deux éléments correspondent, s’il s’agit bien de la « bonne » personne. Notons que cette application n’est pas (encore ?) obligatoire, et que le gouvernement promet de ne pas conserver les vidéos. Nous nous interrogeons néanmoins sur sa réelle utilité, alors que le mot de passe est lui aussi un système éprouvé. Certes, il peut être piraté et n’empêche pas l’usurpation d’identité, mais l’exemple de San Diego montre que la reconnaissance faciale est à l’heure actuelle encore moins au point.
Mais surtout, n’hésitez pas à installer l’application du gouvernement, Alicem, c’est bien pratique. #technopolicehttps://t.co/mk8cL1EyaI
— Thomas Barbier (@Maltergate) October 15, 2019
Cette nouvelle décennie sera-t-elle celle de la numérisation intégrale de notre vie ? Celle de la traçabilité sans limites de toutes nos actions ? Réponse dans dix ans !
Le Média pour Tous
Un peu en retard d’un métro, chez les Chinois ça fonctionne très bien.
Et ils sont aussi en avance en ce qui concerne les contre-mesures.