Reconnaissance faciale : ce qui nous attend prochainement…


Un futur digne d'Orwell !


Pour une grande partie des gens, le sujet de la reconnaissance faciale, la surveillance des données et la fin de notre vie privée, ne sont que des jérémiades complotistes. Et pourtant, cela arrive à grande vitesse en France. Chez nous, dans notre pays, notre ville, notre village, notre foyer, notre poche. Voici un résumé de ce qui nous attend très prochainement…

La reconnaissance faciale.​ Dit comme ça, pour beaucoup de français, cela sonne comme un fantasme lointain de science-fiction, des discussions de comptoir de conspirationnistes. Souvent taxé de f​ake news​ car cela fait des années qu’on en parle sans que rien ne se passe, et pourtant… En Chine et au Japon, cette technologie, appelée aussi Technopolice, est en place depuis un moment. La France, loin derrière, avance lentement mais sûrement.

En Chine, on observe tous vos faits et gestes…

 

Le Japon aussi est très impliqué dans la surveillance

Définition…

Avant toute chose, il est utile de rappeler ce qu’est la reconnaissance faciale, et quelle est son utilité. C’est un système qui permet de déterminer et d’identifier une personne grâce à un système de ralliement de points correspondant aux traits et caractéristiques physiques de son visage, et ce, en 3D ou à partir d’une simple photo. D’ailleurs on peut le constater lorsque l’on identifie (ou « tag ») une première fois un ami sur Facebook, les fois d’après, le logiciel détectera son visage sur les autres photos et vous proposera de l’identifier tout seul.

Le « big data » est désormais au coeur de nos vies

Voyons maintenant ce qui est proposé en France dans les prochains mois. Le gouvernement Macron a mis en place un système de reconnaissance faciale appelé ALICEM (Authentification en LIgne CErtifiée sur Mobile). Cette application sera disponible à l’emploi sur toutes les plateformes étatiques telles que: les impôts, la CAF, Pôle emploi et plus de 500 autres services publics que les français utilisent au quotidien. Ce système est actuellement en phase d’essai depuis juin 2019 et sera effectif pour 2020. Pour le moment, seuls les téléphones sous Androïd pourront en bénéficier.

Ses avantages ? Une connection plus rapide et simplifiée. Plus besoin de mémoriser ses mots de passe avec le risque de les oublier (on en a de plus en plus) ou de les noter quelque part au risque de les perdre ou de se les faire voler : il suffira de se prendre en photo pour que l’application nous identifie. Simple comme bonjour ! Ce serait aussi un moyen de lutter contre l’usurpation d’identité. Plus besoin non plus de transmettre un justificatif d’identité lorsque l’on souscrit à des contrats en ligne, ALICEM s’occupe de tout! C’est ce que nous vend le site du ministère de l’intérieur. Attrayant, n’est-ce pas ? Effrayant, plutôt.

Le projet de reconnaissance faciale ne se limitera pas uniquement à Internet. En effet, des caméras seront très bientôt installées dans les rues pour identifier et repérer chaque individu. C’est déjà le cas à Nice, où le dispositif de reconnaissance faciale est déjà installé et fonctionnel. Certains l’ont aussi peut-être déjà testé au sein des aéroports de Paris avec le système​ Paraphe. Au niveau Européen, Londres est la deuxième ville la plus surveillée au monde avec ses quelques 420.000 caméras de surveillance après Pékin. La reconnaissance faciale n’est que le prolongement logique de cette surveillance généralisée.

Et le respect de la vie privée dans tout ça ?

Le respect des données personnelles ? La RGPD (Règlement Générale sur la Protection des Données) n’a jamais abordé le sujet. Pour ce qui est de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) elle n’a qu’un rôle consultatif et n’est jamais décisionnaire. C’est pourquoi la Quadrature du Net, qui est une association défendant les libertés fondamentales dans le domaine numérique et luttant contre la censure et la surveillance, a récemment porté plainte contre les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), les accusant d’exploiter de manière illégale les informations personnelles. Actuellement, elle est en lutte contre la ​Technopolice​ et affirme que « d​es industriels comme Thalès ou Engie avancent main dans la main avec les élus pour pousser leurs projets de « Safe City ». Véritables couteaux suisses sécuritaires, ils vont de la reconnaissance des émotions dans l’espace public urbain à l’interconnexion massive de bases de données à des fins de police prédictive, en passant par la surveillance des réseaux sociaux​. »

Une sémantique rassurante

On ne dit plus « Vidéo-surveillance » mais « Vidéo-protection ». L’Histoire nous a bien prouvé que le poids des mots a une importance cruciale. On ne nous « surveille » plus, on nous « protège ». L’un des arguments les plus rassurants et convaincants est le fait de réserver l’accès à la pornographie aux adultes, en exigeant une reconnaissance faciale systématique avant de pouvoir naviguer sur les sites en question. Proposé de cette manière, dans un but de protéger les jeunes, il est presque impossible de refuser ou de blâmer la reconnaissance faciale, c’est donc une excellente façon de l’introduire dans les mœurs. D’ailleurs, il y a quelques jours, Emmanuel Macron faisait un discours sur la protection des mineurs sur internet et notamment sur l’inadmissibilité de l’accès à la pornographie de plus en plus tôt. Il prépare le terrain.

Une continuité logique pour la Police…

En matière de reconnaissance faciale, la France n’est pas si novice que cela. En effet, son ancêtre, l’anthropométrie judiciaire, a été fondée par le criminologue français Alphonse Bertillon en 1882. Ce dernier a développé une théorie reposant sur le calcul de 14 mensurations osseuses sur différentes parties du corps, des doigts, en passant par le tronc, jusqu’au nez… Le résultat était unique à chaque individu. Il y avait une chance sur 286 millions pour que quelqu’un d’autre obtienne la même mensuration. Cette méthode, appelée aussi « système Bertillon » ou « Bertillonage » a été adopté en France jusqu’en 1970, ainsi qu’en Europe et aux États-Unis. Cela permettait d’identifier les criminels de l’époque, pour la plupart tous récidivistes.

Photo d’Alphonse Bertillon à la manière des photographies judiciaires en 1900 [Wikipédia]

Aujourd’hui, la police analyse les vidéos des caméras de surveillance lorsqu’une infraction est signalée dans un endroit disposant de caméras. Jusque-là, tout allait relativement bien : ça fonctionnait. Mais avec la banalisation de la reconnaissance faciale dans les rues, le problème de la confidentialité et de la dignité se pose.On a d’une part, ceux qui ne cessent de répéter le leitmotiv « Je n’ai rien à cacher » et puis ceux qui, par principe, refusent de dévoiler à l’Etat des informations telles qu’aller acheter son pain à la boulangerie. « J​’ai des relations avec des gens qui n’ont pas forcément envie d’être vus avec moi​… » affirme Fabrice Epelboin, professeur à Science Po, contre le système de reconnaissance faciale. Un argument simple mais tellement légitime. « Malheureusement, les Français sont des illettrés dans le domaine du numérique, et ils sont plus endormis que nos voisins allemands en ce qui concerne le droit à la liberté publique« ​ continue Epelboin.

Pour savoir pourquoi les allemands sont bien plus réactifs et attentifs que nous sur tout ce qui touche à leur liberté publique, il suffit de fouiller dans leur passé historique. En effet, il n’y a pas si longtemps que cela, dans l’ancienne RDA régnait la Stasi (le Ministère de la Sécurité d’État), un service de police politique, de renseignement, d’espionnage et de contre-espionnage. Une surveillance dictatoriale ouverte, officielle, qui a traumatisé beaucoup de citoyens allemands.

Des officiers de la Stasi dans l’ancienne RDA

Selon la Quadrature du Net et beaucoup d’autres résistants, la reconnaissance faciale, la technopolice, qui vont se généraliser de façon imminente en France, auront aussi pour but de surveiller les manifestants, de mettre des amendes plus facilement et d’espionner nos faits et gestes les plus intimes, pour pouvoir nous ficher et nous classer en fonction de notre degré de « désobéissance politique », en vue de contrôles et de sanctions inopinées. C’est la pente naturelle de la surveillance de masse.


Alicem est donc révolutionnaire, elle permettra de faciliter la vie des citoyens pour leur faire gagner plus de temps, afin de pouvoir passer plus de temps à travailler, à consommer, à se divertir, et donc se détourner des problèmes réels, et le tout, sous la surveillance accrue des caméras de surveillance. La France va franchir une frontière, elle s’apprête à rentrer dans la vie intime de ses citoyens dans un voyage périlleux dont personne ne sait où il s’achève. C’est peut-être aussi cela, qu’on appelle le « progrès » ? Le gouvernement Macron est un pont vers une nouvelle ère néolibérale où tout ce que l’on fait et dit sera surveillé. Et vous, opterez vous pour Alicem ?

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Anthony
4 années il y a

NWO

Noemie Jade
4 années il y a

Bon du coup, le moment vient de s’emanciper encore plus rapidement du système et de continuer à consommer alternatif…
Grande-distribution, internet, media, téléphonie….
#consommerindépendant
Avec le quid des services publics….

Noemie Jade
4 années il y a

En regardant le reportage de france 2 sur la Chine…. et en apprenant le développement sérieux en France des systèmes de protection…euh de surveillance ? on peut se demander clairement le rapport entre communisme et néo-libéralisme… hmmm…
??

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