« Il faut un QI de bulot pour ne pas comprendre qu’on est obligé d’augmenter la durée de cotisation ». Luc Ferry est décidément en grande forme sur le plateau d’En toute franchise sur LCI. Il lance cette insulte aux opposants à la réforme du système de retraite programmé par Macron en s’appuyant sur le plus faux des arguments : l’augmentation de l’espérance de vie.

Aujourd’hui, l’espérance de vie tourne autour de 79 ans pour les hommes, et de 85 ans pour les femmes. Il y a cinquante ans, on en était loin. Le progrès est évident. Cependant, Ferry omet de préciser de quels hommes et de quelles femmes il parle. En effet, tout le monde n’a pas sa vie de ministre ni de prof
d’université payé grassement pour des cours qu’il ne dispense pas. L’espérance de vie dans les classes populaires est bien moins grande que la sienne et des bourgeois qu’il représente, surtout lorsqu’il s’agit de l’espérance de vie en bonne santé.

La rhétorique du philosophe pour vendre l’inévitable réforme des retraites consiste à enfermer le débat dans une fausse alternative « cotiser plus fort » ou « travailler plus longtemps ». Mais l’augmentation de l’espérance de vie n’implique en aucun cas de devoir cotiser plus longtemps. Les cotisations sont fournies par les actifs pour assurer aux retraités de quoi vivre. Or, les cotisations représentent une partie de la richesse produite. C’est donc en fonction de la richesse produite par les travailleurs qu’il faut envisager l’âge de la retraite. On a beau dire que nous ne sommes plus en 1945 avec la retraite à 60 ans mais on peut aujourd’hui produire infiniment plus de richesses qu’il y a soixante-dix ans avec un nombre bien moins grand d’actifs.