Retraites : dernière négociation avant explosion


"La réforme des retraites permettra de diminuer le niveau des pensions" (François Fillon)


C’est aujourd’hui 26 novembre qu’ont lieu les dernières négociations entre le gouvernement, le Medef et les représentants syndicaux avant la grande manifestation annoncée du 5 décembre. Face à la menace d’une grève massive et durable qui touchera de nombreux secteurs publics, le transport en tête, Matignon tente de convaincre du caractère « équitable » de sa réforme…

Cette ultime tentative de conciliation arbitrée par Edouard Philippe a très peu de chance d’aboutir. Yves Veyrier, secrétaire général de FO confiait hier au sortir de Matignon et après plusieurs rencontres que « cette période de concertation réouverte en septembre, n’a pas fait bouger les lignes […] Nous sommes exactement au même point ». Une très forte mobilisation est donc à prévoir pour s’opposer à la réforme. De nombreux Syndicats appellent à une grève illimitée à compter du 5 décembre. Les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’énergie, La Poste et même les avocats et policiers sont attendus en nombre.

Si étudiants et Gilets Jaunes devraient aussi se joindre au mouvement, c’est surtout les transports qui inquiètent le gouvernement avec une journée qui s’annonce galère : les syndicats d’Air France et de la SNCF appellent à une grève reconductible, et Laurent Djebali secrétaire général adjoint de l’Unsa-RATP, promet « zéro métro, zéro RER et très peu de bus ».

Mettre fin aux régimes spéciaux et instaurer la retraite par point

C’est en substance ce que souhaite le gouvernement qui ne cesse de mettre en avant le caractère équitable et juste de la réforme :


L’Etat souhaite en effet la fin des 42 régimes distincts et l’alignement des cotisations entre le public, le privé et les professions libérales. Fin 2017, ce sont plus de 17 millions de personnes qui bénéficiaient d’une pension dans le cadre du système de retraite français. Nous pouvons classer les retraités en 3 groupes :

  • Les salariés du secteur privé et affiliés au régime général de l’assurance retraite (soit la très grande majorité des français avec plus de 14 millions de personnes)
  • Les non salariés (agriculteurs et professions libérales)
  • Les régimes spéciaux comme la fonction publique, les agents civils et militaires et quelques exceptions comme la SNCF et la RATP

Le projet de réforme des retraites était l’une des mesures phares du programme d’Emmanuel Macron aux présidentielles. Si la réforme ne devrait pas être effective avant 2025 et ne pas concerner ceux qui sont à moins de 5 ans de la retraite, l’exécutif entend instaurer un nouveau système universel, par répartition et par points. Le caractère universel consiste à appliquer le même mode de calcul pour tous et le caractère par répartition signifie que les actifs financent les retraites. Pour motiver la réforme, Matignon s’appuie sur le récent rapport du Conseil d’orientation des retraites (Cor) qui annonce un (hypothétique ?) déficit du régime de retraite compris entre 8 et 17 milliards d’euros en 2025. Le gouvernement souhaite ainsi éviter ce déficit en harmonisant le système par le bas.

Alors, vraiment plus d’équité ?

Autre point d’observation, les retraites sont le premier poste de dépenses de la protection sociale avec plus de 300 milliards d’euros par an. Si l’on prend la fourchette basse des estimations de déficit du Cor, nous sommes en dessous des fameux 3% de déficit. Il s’agit en réalité d’une question de mesure. À partir de quel seuil, un déficit peut-il mettre en danger un système dans son intégralité ? L’état souhaite en réalité qu’en 2025, la part des retraites dans le PIB n’augmente plus.

L’économiste Henri Sterdyniak conteste le mode de calcul du déficit. Selon lui, si le gouvernement annonce ne pas vouloir baisser l’indice du point, il ne prévoit pas non plus d’augmenter le pouvoir d’achat des retraités car cet indice ne sera corrélé ni sur les salaires ni sur les prix. Il parle ainsi d’un déficit artificiel ou fictif. Le gouvernement prépare en réalité une baisse des ressources attribuées au système de retraites en baissant par exemple le nombre de fonctionnaires et en n’augmentant pas les salaires de la fonction publiques. La diminution de la CSG pèse également sur les rentrées de la Sécurité Sociale. Sa pensée pourrait se résumer avec cette phrase : « Pas de déficit si on maintenait un niveau décent du montant des pensions ! »

Enfin, cette volonté d’équité et d’équilibre budgétaire ne tient aussi pas en compte de la pénibilité des métiers : Même régime pour un ouvrier du bâtiment travaillant en extérieur et un cadre de la Cour des comptes ?

Il y a en fait 3 leviers sur lesquels le gouvernement peut agir : Allonger la durée de travail, augmenter les cotisations ou baisser les pensions. La question que nous devons nous poser est alors la suivante : Accepterons-nous de travailler plus, de cotiser plus, pour au final recevoir moins ?

Et finalement la retraite par point, c’est Fillon qui en parle le mieux


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