Yann Gaudin, conseiller pôle emploi vient d’être licencié par sa hiérarchie pour avoir dénoncé les pratiques de l’établissement public et apporté son aide aux chômeurs.
La nouvelle semble tout droit sortie du site parodique le Gorafi. Yann Gaudin, conseiller pôle emploi en poste depuis quatorze ans, vient d’être licencié par ses supérieurs. Son tort ? Avoir aidé les chômeurs à toucher des aides auxquelles ils avaient le droit et avoir remis en cause la façon de faire de l’institution de l’emploi français.
Je viens de recevoir un courrier de licenciement, c’est donc le début officiel de la phase judiciaire contre des cadres de Pôle emploi, contre leurs nombreux méfaits envers ma personne et contre toutes leurs malversations qui portent de lourds préjudices infligés à des usagers. pic.twitter.com/f75IF0K7cy
— Yann Gaudin (@yann35) July 7, 2020
Des milliers de personnes non informées
Dès 2014, le lanceur d’alerte remarque que des milliers de personnes au chômage ne sont pas informées de leur possibilité d’obtenir des aides financières. En se plongeant dans les dossiers de son agence, il remarque de nombreuses anomalies : mails non transmis, salaires oubliés, dossiers perdus… Il dénonce ces pratiques frauduleuses qu’il évalue à plus de 200.000€ de pertes pour les chômeurs. S’exprimant dans les médias sur ce phénomène, et défiant sa hiérarchie pour aider les inscrits, il s’attire la colère de ses supérieurs.
Le directeur dénonce un comportement inacceptable
Le directeur de l’agence s’insurge quant à lui du comportement de son employé : « Le contentieux entre Monsieur Gaudin et Pôle emploi date de 2015 et ne concerne pas le statut de lanceur d’alerte dont il se prévaut depuis fin 2019. Depuis 2015, il a été sanctionné à plusieurs reprises pour des comportements inacceptables envers ses collègues et sa hiérarchie. Je n’accepte pas qu’il laisse dire qu’il est licencié pour avoir aidé des demandeurs d’emploi. » Le désormais ex-salarié est notamment accusé d’avoir aidé les intermittents du spectacle, fonction pour laquelle il n’est « ni formé, ni compétent » selon son manager. Le patron affirme aussi que son employé négligeait son propre portefeuille de demandeurs d’emploi et qu’il « semait le doute dans l’organisation ».
« On me reproche d’avoir fait mon travail »
De son côté, Yann Gaudin récuse totalement ces affirmations : « C’est une très très grosse bêtise, on me reproche d’avoir fait mon travail, d’avoir porté assistance à des demandeurs d’emploi, notamment les intermittents qui sont une population précaire ». Il ajoute également : « Pendant six ans j’ai essayé qu’on règle toutes ces anomalies en interne parce que j’avais bien conscience de l’aspect choquant pour le public. Découvrir qu’on les a spoliés de droits, qu’on leur a volé de l’argent, qu’on ne leur a pas donné ce qu’on devait leur donner. »
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« Les décideurs connaissent ces dysfonctionnements et les entretiennent »
Pour le conseiller, ces anomalies ne sont pas de simples erreurs, mais elles font partie d’un système organisé. « Les décideurs connaissent en plus ces dysfonctionnements et les entretiennent. » assure-t-il. Après des années de combat, il vient donc d’être licencié. Une décision à laquelle il « s’attendait » et à laquelle il « s’était préparé ». En définitive, ces pratiques s’inscrivent directement dans le processus entamé par l’État pour réduire artificiellement les chiffres du chômage. Entre la réforme de l’assurance chômage, et la pression de plus en plus intense exercée sur les sans emploi, la Macronie ne semble reculer devant rien pour embellir son bilan.
Le Média pour Tous
Il n’était qu’un employé et devait passer par sa hiérarchie pour indemniser les personnes qui n’avaient pas demandé ou reçu leur droit. Pour le moment, en France, ça fonctionne de cette façon. Il aurait du faire son travail dans la légalité. La justice tranchera et peut-être grâce à lui les dossiers vont être traités et les chômeurs vont recevoir leur du.