Dans une situation « extrêmement préoccupante », les pêcheurs bretons appellent l’État à l’aide


Le déconfinement s'avère pour eux pire que le confinement


Après avoir dû stopper une large majorité des pêches durant le confinement, les professionnels de la mer subissent le redémarrage lent de l’économie et de la consommation. Pire encore, une nouvelle concurrence venue d’outre-Manche, complique encore un peu plus la situation. 

La situation de la filière pêche et aquaculture bretonne est « extrêmement préoccupante » , a alerté dans un courrier au gouvernement Olivier Le Nezet, président du comité régional des pêches maritimes de Bretagne et également à la tête de l’association Breizhmer, qui réunit les acteurs de la filière pêche et aquaculture bretonne. Le courrier est daté de lundi, et l’AFP, qui s’est procurée une copie, l’a rendu publique dans la soirée d’hier.

La pêche française divisée par cinq durant le confinement

Les pêcheurs français ont subi de plein fouet l’épidémie de Coronavirus et le confinement. En mars et avril dernier, la fermeture, notamment des restaurants, a mise à mal la profession, privant la pêche française de 50% de la consommation intérieure habituelle. Cette baisse de la consommation a entraîné une chute des prix, ce qui a amené une immense majorité des équipages à ne pas prendre la mer, rester à quai, et ne pas travailler à perte.

Selon une note de FranceAgriMer dont l’AFP a aussi pris connaissance, la quantité de poisson pêchée fin mars a été réduite par cinq. Par exemple, la semaine du 23 au 29 mars, moins de 150 navires ont ainsi débarqué 612 tonnes de produits de la mer, contre 2.947 tonnes pour environ 500 navires en moyenne en 2018 et 2019, à la même période. Dans le même temps, les ventes se sont elles-aussi effondrées : environ 900 tonnes de produits de la mer été vendues dans les halles à marée, soit une baisse de plus 80% par rapport à la même semaine en moyenne sur les trois années précédentes. Sur cette semaine de mars, la chute des vente est de l’ordre de 70% par rapport à la précédente.

« L’impact du Covid-19 sur la filière est beaucoup plus important maintenant que pendant le confinement »

Un retour des bateaux, mais la demande ne suit pas

Dans ce courrier, Olivier Le Nezet explique que que « l’impact du Covid-19 sur la filière est beaucoup plus important maintenant que pendant le confinement ». En effet, Muriel Pénicaud, ministre du travail, et Didier Guillaume, ministre de l’agriculture et de l’alimentation, avaient annoncé mi-avril des mesures spécifiques concernant la protection et l’indemnisation de l’activité partielle des marins pêcheurs. Mais depuis quelques jours, les pêcheurs sont de nouveaux de sortie.

Or, toujours selon  Olivier Le Nezet, « le marché ne peut pas absorber l’ensemble des débarquements ». Comprenez que la plupart des navires ont repris la mer, alors que l’activité et la consommation sont toujours en phase de redémarrage. Et lorsque l’offre est forte et que la demande ne suit pas, les prix baissent mécaniquement. « Les prix se sont effondrés et même lorsque les captures trouvent acheteurs, les armements sont très en-deçà des seuils de rentabilité », poursuit-il dans sa missive.

Un constat également conclut par le Comité national des pêches, dans un autre courrier à Didier Guillaume, adressé en fin de semaine dernière : « Depuis le déconfinement progressif, avec le retour à la mer de navires notamment hauturiers (haute mer) plus nombreux, le marché vient de décrocher en début de semaine ».

La nouvelle concurrence des pêcheurs britanniques

Pour les collectifs de pêcheurs, la reprise des activités de restauration « ne suffira pas à inverser la tendance ». Olivier Le Nezet, jugeant que la situation est aggravée « par un regain inédit des importations […] depuis le début du confinement »« Ces importations à des prix anormalement bas ne sont ni fortuites ni anecdotiques. Il est évident que la pêche britannique, à l’origine de nombre de ces importations, profite de cette situation pour s’installer sur le marché français et renforcer sa position dans les négociations en cours du Brexit », dénonce la filière.

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Pour ces derniers, même si la situation sanitaire semble s’améliorer, le marché n’est pas en capacité d’absorber un niveau de production « normal » ou « d’avant crise ». Ils demandent en ce sens à l’État de continuer à soutenir la filière en maintenant les arrêts temporaires et les aides à l’activité partielle jusqu’à fin septembre au moins.

Affaire à suivre…

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