Le premier ministre Edouard Philippe a annoncé la tenue du second tour des élections municipales pour le 28 juin prochain, déclenchant la colère de l’opposition.
Le 15 mars dernier, alors que le confinement débutait, le gouvernement français décidait tout de même de maintenir le premier tour des élections municipales. Après une débâcle mémorable, et devant la prise de conscience de l’ampleur de la pandémie, le deuxième tour avait néanmoins été reporté.
Pas d’annulation du premier tour
Or, après cet épisode, nul ne savait quand pourrait être organisé le second tour. Si les maires élus dès le premier tour n’ont jamais été remise en cause, certains se posaient néanmoins la question d’un nouveau premier tour pour les autres communes. Il n’en sera rien puisque le scrutin aura bel et bien lieu le 28 juin prochain comme l’a annoncé Edouard Philippe ce vendredi. Le premier tour est donc entériné malgré une abstention monstre.
55% d’abstention en mars, rebelote en juin ?
Malgré l’appel de nombreux responsables politiques à aller voter, la prudence des Français avaient fait grimper l’abstention en masse. Ainsi entre 2014 et 2020, la participation avait chuté de plus de 20 points. Avec l’impact considérable pris par la crise depuis, il y a fort à parier que l’abstention soit aussi très forte le 28 juin prochain.
Un scrutin qui concernera seulement 4779 communes
Puisque dans la majorité des communes (86%) de France le conseil municipal a été élu dès le premier tour, ce nouveau vote concernera une minorité de villes. En revanche, il rassemblera la majorité des électeurs français (65%), puisque pas moins de 30 millions d’entre eux seront appelés aux urnes. Il impliquera par exemple la plupart des grandes agglomérations du pays.
Les militants et les assesseurs encore en danger ?
Mais lorsque l’on se souvient des conséquences désastreuses du premier tour sur les militants et les assesseurs, on peut légitimement avoir des craintes pour le second tour. On se souvient que bon nombre d’entre eux avaient en effet été contaminés, et certains y ont même laissé la vie. Le gouvernement a néanmoins annoncé que cette fois-ci, les masques seront obligatoires à la fois pour les assesseurs et les électeurs.
Une élection sans réelle campagne électorale ?
Dans ces conditions, il sera difficile de faire campagne et le conseil scientifique a d’ailleurs émis des réserves à ce sujet. On imagine mal en effet des militants distribuer des tracts dans le contexte actuel. Le premier ministre a ainsi appelé à « faire campagne différemment ». Il a préconisé l’utilisation du numérique et les passages dans les médias. Or, on sait que la télévision se concentre surtout sur la campagne parisienne qui ne concerne pourtant pas la majorité des Français… On peut également s’interroger sur le temps de paroles donnés à certains partis par ces mêmes médias. Être privé de campagne de terrain serait un véritable handicap pour bon nombre de candidats.
L’opposition vent debout, les partis du système derrière Macron
Les différentes forces politiques du pays se sont essentiellement opposées à cette décision. Pour l’Insoumis Alexis Corbière, « pas de campagne électorale, pas d’élection en juin ». Pour Sébastien Chenu, membre du RN, le 28 juin « n’était pas la date qui avait nos faveurs ». Même son de cloche chez Nicolas Dupont-Aignan qui trouve « aberrant de reproduire la même erreur qu’au premier tour ». Florian Philippot, président des Patriotes, a même appelé à « boycotter cette mascarade ». Le patron du PS, Olivier Faure s’est en revanche montré favorable à la décision du gouvernement, « dès lors que la sécurité de tous est garantie ». Pour Agnès Evren, candidate LR c’est également « une bonne nouvelle ».
LREM veut passer le plus vite possible à autre chose
Si la décision du gouvernement peut paraître précipité à certains, les bruits courent que les raisons en seraient simples. Le gouvernement souhaiterait en effet faire oublier le plus vite possible sa défaite électorale. En perdition dans la plupart des villes, les municipales représenteraient une très mauvaise publicité pour la Macronie. Edouard Philippe lui-même pourrait d’ailleurs se retrouver en difficulté au deuxième tour dans sa ville du Havre.
Janvier 2021, le plan B du gouvernement
La décision du gouvernement sur la date du 28 juin restera néanmoins « réversible ». Ainsi dans le projet de loi qui sera prochainement déposé, il sera prévu un possible report à janvier 2021. Dans tous les cas, peu importe la date, LREM a toutes les chances d’essuyer une déculotté électorale sans précédent.
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