«L’exercice de la liberté d’expression et de communication, dont découle le droit d’expression collective des idées et des opinions, est une condition première de la démocratie et l’une des garanties du respect des autres droits et libertés. L’Etat a la responsabilité de garantir cet exercice.» Voici ce que l’on peut lire dès les premières lignes du très attendu schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) paru jeudi. Ce document, qui fige une doctrine dure et valide l’usage des armes de force intermédiaire (lanceur de balle de défense, grenades), a été rendu public par le ministère de l’Intérieur après des mois de réflexion.

Passées ces quelques lignes, une phrase à l’accent bien moins libertaire accroche l’œil du lecteur : «Concomitamment, il sera proposé aux journalistes des sensibilisations au cadre juridique des manifestations, aux cas d’emploi de la force et notamment aux conduites à tenir lorsque les sommations sont prononcées, ainsi qu’aux dispositions du SNMO. Il importe à cet égard de rappeler que le délit constitué par le fait de se maintenir dans un attroupement après sommation ne comporte aucune exception, y compris au profit des journalistes ou de membres d’associations. Dès lors qu’ils sont au cœur d’un attroupement, ils doivent comme n’importe quel citoyen obtempérer aux injonctions des représentants des forces de l’ordre en se positionnant en dehors des manifestants appelés à se disperser.» En clair, les journalistes et les observateurs des différentes ONG pourraient ainsi être interpellés et poursuivis, faisant fi de leurs impératifs professionnels.

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