En marge d’un rassemblement à Nantes contre les violences policières, un homme de 51 ans a été violemment interpellé par un agent de la BAC. Capturée en images par des reporters présents sur place, la scène a fait le tour des réseaux sociaux.
Un policier casqué semblant étrangler un homme maintenu au sol : cette image en noir et blanc a fait le tour des réseaux sociaux. Tandis que des internautes s’interrogeaient sur la provenance du cliché, certains soupçonnant qu’il ait été pris à Moscou lors de récentes manifestations de l’opposition, c’est la photographe Bsaz qui a capturé cette image le 3 août à Nantes. L’individu interpellé a été retrouvé par la suite par Libération. Il s’agit de Bruno Kaïk, un traducteur interprète de 51 ans qui vit à La Rochelle.
Une photo qui décrit à elle seule le régime en place.
A montrer partout.
Nantes, 3 aout, par Bsaz. pic.twitter.com/OEO4GFpPcJ
— Nantes Révoltée (@Nantes_Revoltee) 5 août 2019
La scène a en effet eu lieu lors d’une manifestation contre les violences policières, émaillée de débordements, en marge d’un rassemblement pour le jeune Steve Maia Caniço, disparu à Nantes après la dispersion violente par la police d’une soirée, et dont le corps a été retrouvé dans la Loire.
Comme le rapporte le site CheckNews de Libération, la même scène a également été filmée, notamment par le reporter Mezone. Sur ses images, on voit Bruno Kaïk, torse nu, s’approcher et s’adresser aux policiers en faisant de grands gestes. Alors qu’il semble rebrousser chemin, un policier se rue vers lui puis le plaque violemment au sol, une main serrant le cou du civil. Un coup de matraque force le caméraman à reculer alors que l’interpellation se poursuit.
Le reporter, interrogé par Libération, assure que le manifestant s’était avancé «vers la BAC pour leur dire qu’un homme était à terre, juste un peu plus loin, pour leur demander de se calmer.»
Sur d’autres images diffusées sur Twitter, on peut distinguer Bruno Kaïk au pied de l’agent de la BAC qui l’a interpellé. Menotté, il éprouve de sérieuses difficultés à respirer.
??? #Nantes le 03/08/19: Un manifestant agonise entre les mains des gars de la BAC, pr aider l’ #IGPN on a zoomé sur l’immatriculation à vs de jouer! ce manifestant torturé fait partie des 71% qui aime la police selon @IfopOpinion!#France #JusticePourSteve #GiletsJaunes #Macron pic.twitter.com/Bdj1SdUamR
— Le Général ? (@leGneral2) 5 août 2019
Version contre version
Pour justifier cette violente interpellation dans un contexte de heurts, le Service d’information et de communication de la police (Sicop) affirme que l’homme avait «jeté une bouteille en verre contre un policier» (une scène qui n’est pas visible sur les images), ce que reconnait Bruno Kaïk, précisant toutefois que le projectile a atterri «devant les policiers, à quelques mètres d’eux». «C’était plus symbolique qu’autre chose. Il n’y avait aucune intention de blesser. Dans tous les cas, leur réaction a été complètement disproportionnée», ajoute encore l’homme interpellé, interrogé par Libération.
Mais que s’est-il passé après l’interpellation filmée ? Les version divergent. Les forces de l’ordre affirment avoir conduit Bruno Kaïk à l’hôpital «parce qu’il était incommodé par les gaz lacrymogènes». Mais ce dernier dément, assurant avoir reçu d’autres coups à l’abri des appareils photos et autres téléphones portables. «J’ai été violemment strangulé jusqu’à l’étouffement par un membre de la BAC. Avant de m’évanouir et de rester inconscient pendant plusieurs minutes», confie-t-il à CheckNews.
Le rapport d’observation médicale du CHU de Nantes stipule pour sa part que l’homme de 51 ans a été «amené par les pompiers en urgence» après avoir été retrouvé «inconscient sur la voie publique». Sorti de l’hôpital plusieurs heures plus tard, Bruno Kaïk a ensuite été placé en garde à vue durant 24 heures, puis relâché. Une enquête préliminaire se poursuit.