La Banque de France va lancer une cryptomonnaie en 2020


Les cryptomonnaies : un marché à contrôler ?


C’est officiel, dès 2020 la France va expérimenter la cryptomonnaie, une monnaie digitale. Ce projet aurait pour but officiellement de faciliter certaines transactions aux montants élevés, mais ce serait surtout un moyen de contrer la Libra de Facebook, que les autorités refusent de laisser entrer sur le marché européen.

L’année prochaine, la France se lance donc dans l’expérimentation de la monnaie digitale, à l’initiative de la Banque de France. Elle portera aussi le nom de ​ »monnaie digitale de banque centrale (MDBC) » a affirmé le directeur du projet M.Villeroy de Galhau. Ce système ne devrait servir dans un premier temps que pour les grosses transactions. Cette « crypto-monnaie » est censée améliorer l’efficacité du système financier en facilitant les transactions. Son expérimentation devrait débuter d’ici la fin du premier trimestre 2020. Ainsi, les détenteurs de capitaux devraient pouvoir faire circuler leur argent encore plus rapidement qu’ils ne le faisaient jusqu’à présent ! Les Gilets Jaunes apprécieront.

Mais rappelons tout de même de quoi il s’agit. La monnaie digitale est une monnaie que l’on utilise sur internet. Elle a toute les caractéristiques d’une monnaie traditionnelle, on peut la transférer, l’échanger, l’utiliser pour acheter des biens, mais elle n’est pas palpable et n’a aucun équivalent physique. Quant à la crypto-monnaie, c’est tout simplement une variété de monnaies digitales, mais considérée plus fiable car basée sur la cryptographie. Elle a pour but de sécuriser les transactions en utilisant la technologie « ​Blockchain​ ».

Lors de l’ouverture d’une conférence de l’OCDE qui s’est tenue le 12 septembre 2019, le ministre de l’économie Bruno Le Maire avait effleuré une idée semblable en affirmant qu’une monnaie  digitale publique serait capable de régler « ​certaines difficultés en matière de transaction  financière​ », telle que la modulation du prix des différentes transactions au sein des pays européens. Il affirmait aussi être contre la Libra, un projet de monnaie digitale pensé par Facebook.

Investir le marché de la crypto, mais dans quel but ?

Le 18 juin 2019, Facebook ainsi qu’une vingtaine d’entreprises internationales et des ONG ont annoncé le lancement d’une crypto-monnaie appelée LIBRA. Cette dernière offrira la possibilité d’effectuer des transactions, des versements ou des paiements, en Libra, à partir d’une application autonome. Son but étant de « simplifier », entre autre, les transferts d’argent à l’international. ​ »Près de la moitié des adultes dans le monde n’ont pas de compte bancaire actif et ces chiffres sont encore plus élevés dans les pays en développement et pour les femmes« ​, déclare Marc Zuckerberg dans un communiqué. Les acteurs de ce projet sont des dirigeants de plateformes bien connues. Par exemple, pour piloter ce lancement, Facebook a désigné David Marcus, ancien dirigeant PayPal.

« Nous utiliserons les mêmes processus de vérification et de lutte contre la fraude que les banques et émetteurs de cartes, et nous disposerons de systèmes automatisés qui surveilleront de manière proactive les activités afin de détecter et de prévenir les comportements frauduleux« , nous voilà rassurés !

Facebook ainsi qu’une vingtaine d’entreprises internationales veulent créer leur propre monnaie digitale appelée LIBRA

Mais la Libra, hors de contrôle des autorités, essuie de nombreuses critiques. Par exemple, lors du G7, le 17  juillet 2019, les ministres des Finances ont discuté du projet et Steven Mnuchin le secrétaire  du Trésor américain avait exprimé ses grandes inquiétudes concernant cette crypto-monnaie « ​qui peut être utilisée pour blanchir de l’argent ou financer le terrorisme​« . Très ironique venant d’un dirigeant de l’un des pays qui parraine le terrorisme international. Toutes ces critiques ont néanmoins poussé certains membres fondateurs de la Libra à se distancer du projet.

La question cruciale de « qui crée la monnaie »

Pour contrer la Libra du géant Facebook, des acteurs français de la blockchain tels que Ark Ecosystem et Ledger, ont proposé de lancer une crypto-monnaie nationale. Il s’agirait d’une monnaie « euro » sécurisée pour les gros montants et réservée aux grandes entreprises dans un premier temps. Selon le gouverneur, il sera plus facile et naturel pour les institutions financières de s’en servir car ces dernières disposent « ​d’un niveau de maturité digitale plus élevé que les particuliers puisqu’elles accèdent déjà à la monnaie centrale sous forme numérique grâce à leurs comptes à la banque centrale​ ».

À terme, les concepteurs du projet entendent l’étendre à l’échelle européenne, pour revêtir la forme d’une nouvelle monnaie commune. Cette expérimentation française sera un test pour un éventuel « e-euro » porté par l’Eurosystème, un organe de l’Union européenne incluant la Banque Centrale Européenne (BCE) et les banques centrales nationales des États membres. François Villeroy de Galhau a affirmé que le sujet avait déjà été évoqué par Christine Largarde, nouvelle présidente de la BCE, devant le Parlement européen.

Mais pourquoi tout ce petit monde s’agite autour du concept de la cryptomonnaie ? Peut-être parce que des questions cruciales sont en jeu, parmi lesquelles celle de la création monétaire. En effet, c’est sur ce point que les cryptomonnaies frappent fort et « menacent » le système bancaire classique : elles sont par essence des monnaies décentralisées qui s’érigent en opposition aux monnaies étatiques, centralisées. Dans le monde de la crypto, aucun individu ne peut prétendre contrôler l’émission de monnaie, laquelle est issue de la blockchain, et c’est précisément ce qui la rend attractive aux yeux de ses utilisateurs.  Qu’en sera t-il de ces pseudos cryptomonnaies ? Quels seront leurs contours en matière de technologie ? Leur code sera t-il transparent ? Qui en contrôlera la création ? Et donc quel sera son intérêt pour ses créateurs et ses utilisateurs ?

Poser ces questions, c’est déjà un peu y répondre.

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