L’incroyable mission qui a permis de sauver les temples d’Abou Simbel


Par Esther Pons pour National Geographic

En 1960, la construction d’un nouveau barrage sur le Nil menaçait les temples d’Abou Simbel et d’autres trésors antiques. Un effort international, supervisé par l’UNESCO, a permis de les sauver.

Le poète romantique Percy Bysshe Shelley s’inspira de la longue histoire de l’Égypte pour écrire « Ozymandias » vers 1818. Dans le poème, un voyageur en plein désert tombe sur les ruines d’une immense statue :

« Et sur le piédestal il y a ces mots : « Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois. Voyez mon œuvre, ô puissants, et désespérez ! » À côté, rien ne demeure. Autour des ruines. De cette colossale épave, infinis et nus, les sables monotones et solitaires s’étendent au loin. »

Réflexion sur la fugacité, l’œuvre de Shelley démontre que même les plus grands sont impuissants face au temps et au changement.

Ozymandias est l’autre nom de Ramsès II, roi le plus puissant de la 19e dynastie égyptienne. Son règne marqua le début d’un âge d’or en Égypte, favorisé notamment par la réussite de ses campagnes militaires au Levant, en Nubie et en Syrie. Chacune de ces victoires fut commémorée par la construction de nouvelles villes, de temples élaborés et de statues colossales dans l’ensemble de son royaume.

Ce relief datant du 13e siècle av. J.-C., qui se trouvait à l’origine dans l’ancienne forteresse de Bouhen au Soudan, représente un vice-roi de Ramsès II faisant face à la déesse-serpent Rénénoutet. La forteresse repose désormais sous le lac Nasser. British Museum, Londres.

Situés en Nubie, le long du Nil, les temples d’Abou Simbel furent taillés dans la roche solide. Les temples commémoraient la victoire de 1275 av. J.-C. sur les Hittites à Qadesh et rappelaient à la Nubie la domination égyptienne. Comme bon nombre de structures anciennes, ils tombèrent en désuétude, comme l’évoque le poème « Ozymandias ». Le sable pénétra dans les temples d’Abou Simbel et les ensevelit pendant des millénaires.

Les temples de Ramsès II furent redécouverts dans le désert en 1813 par des archéologues et leur immortalité sembla garantie jusqu’en 1960, date à laquelle le projet de construction d’un barrage sur le Nil menaça de les submerger, avec d’autres monuments antiques de la région. Afin de les sauver, l’Égypte finança un effort international de grande envergure pour mettre sur pied la mission de sauvegarde archéologique la plus complexe jamais réalisée : déplacer les sites entiers sur des terres plus élevées.

SAUVEGARDER LE PATRIMOINE

Mesurant près de 4 000 mètres de long, le haut barrage d’Assouan a été construit sur le Nil, au sud de la ville d’Assouan, située en amont de Louxor. Imaginé par le président égyptien Gamal Abdel Nasser, il avait pour objectif d’empêcher les inondations destructrices, de générer de l’électricité et d’encourager l’agriculture dans la région.

Mais le projet comportait de nombreux inconvénients. Il nécessitait tout d’abord de reloger 90 000 personnes à cause de la création du lac Nasser, réservoir artificiel de 480 kilomètres de long en amont du barrage et dont les limites sud se prolongent jusqu’au Soudan. Son impact sur les monuments dispersés à travers la région nubienne était également catastrophique. Un barrage plus petit, construit en 1902, avait déjà submergé certains monuments, notamment l’ensemble de temples de Philae. Le nouveau projet menaçait davantage encore cette zone, ainsi qu’une multitude d’autres sites, notamment le complexe d’Abou Simbel, situé près de la frontière entre l’Égypte et le Soudan.

Le comité exécutif de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture) lança en 1960 sa campagne internationale pour la sauvegarde des monuments de la Nubie, demandant l’aide de ses États membres.

Des comités nationaux, composés de chercheurs, archéologues, historiens, ingénieurs et architectes, furent formés par 30 pays pour mener à bien la mission de sauvegarde. Une fois l’emplacement des zones archéologiques les plus susceptibles d’être submergées identifié grâce à un relevé aérien, 20 délégations étrangères lancèrent des campagnes de sauvegarde des monuments.

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