L’enluminure à travers le temps – métiers d’autrefois #1




Arrêtons-nous un instant pour découvrir un savoir-faire qui traversa plus de mille ans d’histoire. Apposés sur de fines lamelles de feuille de papyrus, regoupés dans un volumen, cette feuille unique faites de feuillets cousus à la suite des uns des autres, les premiers manuscrits enluminés remontent à l’Antiquité et répondaient à un besoin d’illustration que l’on allait retrouver dans toutes les civilisations. Grecs, Romains ou Égyptiens, tous possédaient ces ouvrages illustrés. Enluminure…que signifie ce mot ? Du latin illuminare qui signifie illuminer, l’enluminure n’aura de cesse, à travers les siècles, de mettre un texte en lumière. L’enluminure via un texte ou un manuscrit qui vient du latin « manus » qui signifie les mains et « scribere » qui signifie écrire, se diffusera partout à travers le monde, en orient : Inde, Perse, Arménie, Arabie mais aussi en occident ; c’est sur cette partie du monde que nous allons nous concentrer.

Dès le Ier siècle après JC, un livre d’un genre nouveau se répandit et remplaça petit à petit le volumen égyptien. L’ancêtre du livre moderne se composait de pages cousues et était appelé : le codex. Depuis le haut Moyen- ge, vers le IVème siècle, nous voyons apparaître les premières illustrations de codex. L’enluminure se développait mieux dans un codex en parchemin, en plus de son faible encombrement et de sa possibilité d’accéder directement à n’importe quelle partie du texte, le codex était moins fragile et absorbait moins l’encre que le papyrus du volumen. Compte tenu de leur rareté et de leur prix, les enluminures des premières heures ne comportaient pas d’or ou d’argent.

Les premiers chrétiens adopteront rapidement le codex pour faire circuler les textes sacrés. Jusqu’au XIIème siècle, les manuscrits étaient copiés principalement dans les abbayes par des moines, les principaux lettrés de la société et rien ne pouvait arrêter ces moines copistes dévoués, le gel de l’encre peut être… À l’aube de l’ère chrétienne, le livre était essentiellement religieux, élevé au rang de sacré. Puis vint le XIII ème siècle, ce siècle du savoir, de la culture, du développement des universités. L’explosion de la connaissance engendra énormément de besoin d’ouvrages. Pour y faire face, des ateliers laïques se construisaient, la fabrication de livres se démocratisait et devenait dès lors un artisanat à part entière. Au Moyen-Age, les enluminures étaient appréciées comme de véritables œuvres d’art !

En plus d’avoir une fonction à la fois ornementale et décorative, l’enluminure servait également à chapitrer un texte, à illustrer une description – au même titre que les vitraux, les images racontaient le texte – ou pouvait aussi servir à refléter la richesse de son commanditaire. Au départ très modeste, en 1200 ans d’histoire, l’enluminure a connu différentes esthétiques :

– Entre le V et le VI ème siècle, le style mérovingien se caractérisait par des lettrines en formes d’animaux.
– Le style insulaire, entre le VII et le IX ème siècle, se distinguait par de nombreuses formes géométriques, des couleurs vives ou encore par des entrelacs
– Entre le XI et le XII siècle, le style roman se démarqua par une esthétique plus sobre, les lettrines étaient ornées de scènes narratives.
– Le XIIIème siècle se singularisa par un mélange entre le style roman et gothique. A partir de la seconde moitié du XIIIème siècle, la lettre ornée se dota de bordures et d’encadrements végétaux et floraux, typique des manuscrits de la fin du Moyen- ge.
– Enfin, le style gothique, jusqu’au XVIème siècle, s’illustrait par plus de réalisme, de perspective, les décors, plus fournis, se dotaient de fleurs et d’animaux venant orner un texte calligraphié.

En ouvrant de vieux manuscrits, vous découvrirez la richesse des formes que l’enluminure pouvait prendre. L’un sera orné de scènes figurées en pleine page ou en marge d’un texte, l’autre se verra doté d’une composition décorative en bordure de page ou encore, plus sobre, une lettrine sera le point de départ d’une belle histoire.

La fabrication d’un livre nécessitait un grand nombre de métier, le fabricant des couleurs, des parchemins, le copiste, le dessinateur traçait les esquisses, le crysographe posait les feuilles d’or, les peintres se relayaient pour le travail des lettrines et autres décors du manuscrit. Une véritable corporation !

Puis vint l’invention de l’imprimerie à la fin du XVème siècle. Cette révolution sonna le glas des livres construits, écrits, peints par la main de l’homme. Remplacé désormais par des machines, l’imprimerie retira petit à petit la magie de la fabrication d’un livre mais permit la diffusion des savoirs et de la culture. Après quelques soubresauts, l’enluminure disparaîtra au début du XVIIème, elle perdure aujourd’hui grâce à la virtuosité toujours féconde d’artisans d’art. Le savoir-faire de l’enluminure a été inscrit à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.

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