Les ministres français de l’Économie et de la Transition énergétique demandent un « examen approfondi » du fonctionnement de l’énergie au sein de l’Union européenne.
Les prix flambent
Après une très forte hausse des prix du gaz, la France demandait le 30 septembre dernier un « examen approfondi » du fonctionnement des marchés du gaz et de l’électricité à l’Eurogroupe. C’est dans une lettre adressée à Paschal Donohoe, la présidente de l’organisme, que Bruno Le Maire et Barbara Pompili ont formulé leur requête. Cette démarche devrait permettre aux dirigeants Français de mieux cerner les raisons de cette flambée des prix.
Une dépendance à l’importation
Les deux ministres français s’accordent à dire que l’UE gagnerait à diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique. De plus, ils souhaitent également réduire autant que possible la dépendance de l’Union envers les pays exportateurs de gaz. Bruno Le Maire a d’ailleurs pris la parole sur ce sujet lors d’une conférence donnée le 30 septembre dernier sur le développement de la filière hydrogène en France. Il confiait alors qu’il ne pouvait assister les bras croisés à la hausse des prix du gaz. « Nous n’avons pas bâti pendant des décennies l’indépendance énergétique de notre pays autour de l’énergie nucléaire pour être dans la main de Vladimir Poutine parce qu’il y a des besoins d’approvisionnement en gaz qui font qu’il suffit pour lui de jouer sur cet approvisionnement pour faire monter les prix et pour rogner sur notre indépendance politique. » déclarait-il.
Le Maire se rebiffe
Le ministre de l’Economie remet en cause le fonctionnement « aberrant » du marché unique de l’électricité. En effet d’après Le Maire, la France produit 70% de son électricité via ses propres centrales nucléaires. « Le gaz ne représente que 20% de la consommation d’énergie et surdétermine pourtant toute la facture d’énergie. Il faut éviter cette volatilité extrême qui pose des problèmes politiques très clairs », explique-t-il. Bercy propose donc à l’UE une réglementation plus précises des tarifs.
« En France, on s’approvisionne en électricité à partir des centrales nucléaires et de l’énergie hydraulique » a encore expliqué le ministre. « On a donc une énergie décarbonée et un coût très bas, mais le marché (…) fait qu’il y a un alignement des prix de l’électricité en France sur les prix du gaz. » condamne-t-il.
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L’importation, la seule responsable de la hausse des prix?
Si le coût des énergies est en continuelle hausse depuis des décennies, l’importation n’en est pas la seule raison. En effet, s’il est difficile de contrôler le coût du gaz importé, pour le prix de l’électricité que Le Maire se vante de produire en France en revanche, c’est une autre histoire. Et pour cause, c’est l’ouverture à la concurrence des marchés de l’électricité et du gaz en 2007 qui a causé cette inévitable hausse des prix. Et ce, bien évidemment, sous la directive de l’Union européenne. Mais notre ministre de l’Économie se garde bien de révéler les rouages de ce système bancal.
Le gaz dégage une odeur présidentielle…
Pour remédier à cette nouvelle hausse de facture énergétique, le gouvernement a bloqué les prix des énergies jusqu’en avril 2022. De plus, le Premier ministre Jean Castex a déclaré la distribution de « chèque énergie » pour accompagner les Français les plus modestes face à cette hausse des prix. Alors, coup de gueule ou coup de com’ ? Si le discours de Le Maire pousse à croire à une contestation du système libéral de l’UE, il n’en est pourtant ni plus ni moins qu’une marionnette soumise à ses directives. Ce qui ne l’empêche pas, toutefois, de vouloir redorer l’image de LReM avant la présidentielle de 2022.
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