Darmanin souhaite que les médias floutent les visages des policiers sur les vidéos

Lors du congrès de l’Unsa-Police, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé vouloir flouter le visage des policiers dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Ce jeudi 10 septembre, Gerald Darmanin a repris certaines mesures défendues par Philippe Capon, l’ancien secrétaire général lors de l’assemblée de l’Unsa-Police. Le ministre de l’Intérieur s’est montré favorable à certaines propositions faites par le militant syndicaliste, dont celle de rendre anonyme les fonctionnaires de police et de gendarmerie sur la toile et dans les médias.

Une demande récurrente

C’est une requête que formulent de plus en plus fréquemment les agents de la paix. Victimes de nombreuses attaques ciblées, ils réclament à ce que leur identité ne soit pas dévoilée lors de publications de vidéos les mettant en scène. Si le ministre de l’Intérieur refuse le port systématique de la cagoule car « la police de la République […] doit pouvoir montrer son visage », il n’est pas contre l’idée de flouter les visages des forces de l’ordre dans les médias. Lors de sa prise de parole, il a affirmé entendre la requête de l’Unsa-Police, qui consiste à obliger les différentes plateformes à flouter le visage des gardiens de la paix :

«Personne ne pourra empêcher les gens de filmer ou très difficilement […] en revanche[…], je proposerai au Parlement qu’on puisse obliger, non seulement les télévisions, avec qui nous avons des rapports corrects, mais aussi les réseaux sociaux qui manifestement savent censurer lorsqu’ils veulent censurer, que nous puissions dire qu’effectivement les policiers de la République ne doivent pas avoir leur visage découvert et diffusé lorsqu’ils font des interventions de police. Et nous devons mettre l’épée dans le rein, juridiquement, pour les réseaux sociaux, pour empêcher ces diffusions ».

La diffusion des images des caméras-piétons

Pour se disculper de certaines accusations de violences dont ils sont accusés, les agents réclament également plus de caméras-piétons ainsi que la possibilité de diffuser leurs images, ce qui est actuellement interdit. Ces vidéos localisées et horodatées permettent d’identifier le porteur de la caméra. De plus,  l’administration conservera alors  les images pendant au moins six mois, plus longtemps si une procédure judiciaire ou administrative est engagée. Si Emmanuel Macron a assuré vouloir généraliser ces caméras d’ici juillet 2021, mais il ne s’est pas avancé sur l’éventuelle diffusion de leurs contenus.

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L’anonymat ne fait pas l’unanimité

De son côté, l’État avance la protection des fonctionnaires publique comme la principale raison de cette requête. Mais d’autres pensent que la police pourrait en tirer profit. En effet, certains craignent que ce genre de ce fonctionnement engendre le classement sans suite de nombreuses d’affaires. Ces dernières années, le nombre de violences policières a explosé, comme on a notamment pu le constater lors des manifestations des Gilets Jaunes. Rappelons que de nombreuses personnes blessées lors des défilés ont vu leur affaire classée sans suite par l’IGPN, au prétexte que les policiers qui avaient commis ces bavures étaient non identifiables…

Une bonne idée, vraiment ?

Les agressions ciblées subies par les forces de l’ordre demeurent évidemment condamnables. Néanmoins, on peut s’interroger sur l’efficacité de la mesure proposée par le gouvernement pour lutter de manière significative contre ces attaques. Pourquoi rendre anonyme une force publique, sensée faire respecter l’ordre et protéger le peuple ? Pour régler leurs comptes en cas de bavures, les policiers ne devraient-ils pas rester identifiables aux yeux des citoyens ? Pas certain que Darmanin se soit frotté à ces questions épineuses…

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