Coup d’État en Bolivie : le président Morales forcé de démissionner


Silence de Macron...


Ce coup d’État en Bolivie est l’aboutissement d’un long processus qui date de plusieurs années et qui est aujourd’hui arrivé à maturité. Les tentatives de déstabilisation, les blocages et manifestations organisées par l’opposition – soutenue par les États-Unis -, notamment dans les riches régions du nord du pays, ont jalonnés la présidence de Evo Morales, élu en 2006. Pour la première fois un syndicaliste indigène accédait à la plus haute fonction dans ce pays habituellement gouverné par la minorité blanche : les plus pauvres, majoritaires, étaient enfin représentés. Cette élection s’inscrivait dans la vague de leader anti-impérialistes élus suite à l’accession au pouvoir au Venezuela d’Hugo Chavez en 1998. Nous observons depuis plusieurs années le reflux de cette vague, un reflux voulu et coordonné par les Etats-Unis.

Evo Morales a annoncé sa démission hier soir à la télévision :

« J’ai décidé de démissionner de mon poste pour que [les opposants] Carlos Mesa et Luis Camacho cessent de maltraiter et de porter atteinte à des milliers de frères (…) En tant que Président de la République, je me dois d’assurer la paix et cela me fait très mal que nous nous affrontions, entre Boliviens. »

Pourtant, le 20 octobre dernier, Evo Morales venait de remporter haut la main les élections présidentielles et entamait son quatrième mandat. Cette popularité est la conséquence directe d’une politique en faveur des plus humbles et à une opposition farouche à toute ingérence étrangère dans le pays, comme par exemple celle du FMI, cheval de Troie des intérêts américains dans la région. Mais face à cette victoire, l’opposition bolivienne ne voulut pas reconnaître le résultat des élections et s’employa donc à déstabiliser le pays. Depuis trois semaines, d’importantes manifestations avaient lieu un peu partout dans le pays, devant des forces armées et de police qui laissèrent volontairement pourrir la situation. Le coup d’accélérateur a été donné hier après-midi lorsque l’armée et la police ont officiellement lâché le président élu : lors d’une déclaration télévisée, un général de l’armée bolivienne a « suggéré » au président de la République de démissionner afin que « le pays retrouve la paix ». C’est finalement ce qu’a fait Evo Morales, dénonçant « un coup d’Etat civico-politico-militaire. » mais concluant sur ces mots : « La lutte continue ».

Précisons que la chronologie des faits est très proche de celle qu’a connu le Venezuela lors du coup d’État fomenté par les États-Unis contre Hugo Chavez en 2002 : manifestations de l’opposition, mise en scène médiatique, puis lâchage de l’armée. Cela avait conduit à l’arrestation du Président de la République puis à une tentative d’assassinat, avant que les Vénézuéliens ne ramènent Hugo Chavez au pouvoir.

Quel sera le sort reversé à Evo Morales ? Déjà, le chaos s’empare de la Bolivie avec des émeutes dans tout le pays. Les plus hauts fonctionnaires de Bolivie, qui auraient dû assurer l’intérim, ont également démissionné. Le pays semble pour l’heure ingouvernable. Par ailleurs, un mandat d’arrêt aurait été émis contre Evo Morales, selon Luis Fernando Camacho, un des leaders de l’opposition :

«Confirmé!! Ordre d’arrestation pour Evo Morales!! La police et les militaires le recherchent dans le Chaparé, là où il s’est caché. Les militaires ont confisqué son avion présidentiel et il se cache dans le Chaparé , ils vont le chercher! JUSTICE!»


Ce coup d’État a été immédiatement dénoncé par les présidents cubains et vénézuéliens, de proches alliés du président bolivien. Macron, lui, ne s’est pas exprimé sur la question.

Affaire à suivre…

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Jacques Abel
4 années il y a

Rien n’est perdu, Evo Morales est encore jeune et peut reconquérir le pouvoir à tout moment, mais c’est une assurance dont ont conscience ses ennemis, c’est pourquoi j’éprouve une grande crainte pour sa vie.
Est-ce que les saigneurs de peuples parviendront à faire main-basse sur la deuxième réserve de gaz d’Amérique latine?
On verra si le contre-putsch, s’il y en a un le laisse faire, mais, dans ce cas, les Boliviens vont payer un très lourd bilan humain.

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