Coronavirus : Belloubet veut libérer 5000 détenus pour soulager les prisons

Afin de limiter l’épidémie dans les prisons, la ministre de la justice veut faire libérer 5000 prisonniers des pénitenciers français.

Ce lundi Nicole Belloubet a affiché un objectif clair, celui de libérer 5000 détenus afin de limiter l’épidémie de Coronavirus dans les prisons. Juridiquement, tout devrait se dérouler grâce à l’état d’urgence sanitaire qui permet au chef de l’État de gouverner par ordonnances. L’information a été communiquée sur twitter par FO-Pénitentiaire, syndicat majoritaire parmi le personnel pénitencier.

« J’ai demandé aux juges qu’on ne mette pas à exécution les courtes peines d’emprisonnements. Nous allons travailler d’une part pour libérer les personnes malades (pas du coronavirus), et d’autres part les personnes à qui il reste moins d’un mois de prison à faire. » a affirmé la ministre de la justice à France 2.

Des prisons déjà prêtes à exploser

Cette décision pourrait soulager les établissements pénitenciers complètement engorgés depuis des années. En effet, la capacité d’accueil des prisons françaises est de 61.000 places. Or la France ne compte pas moins de 71.000 détenus. Cette surcharge représente un véritable danger à la fois pour les incarcérés mais aussi pour le personnel pénitencier.

Une autre victime de l’austérité

Également touchée par la pénurie de masques, la prison, à l’instar de l’hôpital, a souvent été frappée par un manque d’investissements. Elle a même encore récemment été victime de coupes budgétaires de plus de 200 millions d’euros. Souvent pointée du doigt pour ses conditions de détentions indignes, la France a d’ailleurs été condamnée plusieurs fois par la cour européenne des droits de l’Homme.

Le taux de récidive des condamnés français trois fois supérieur à celui des Norvégiens

Trente cinq prisons françaises sont même considérées comme exposant les détenus à des traitements inhumains. Plusieurs facteurs sont notamment dénoncés, comme la surpopulation chronique, la vétusté, l’insalubrité, l’hygiène défaillante, le manque d’intimité ou la carence d’activité. Par là, c’est l’efficacité même de notre système carcéral qui est remis en cause. Ainsi ce ne sont pas moins de 63% des détenus français qui sont à nouveau condamnés dans les cinq ans qui suivent leur libération. En cause l’ancrage dans le milieu criminel et le manque de perspective de réinsertion qu’induisent notre façon de fonctionner. D’autres systèmes ont pourtant été mis en place dans d’autres pays avec un succès remarquable. En Norvège par exemple, le taux de récidive est seulement de 20%.

Cinq détenus français positifs au Coronavirus

Mais dans la triste réalité du système carcéral français, l’heure n’est pas encore à repenser notre manière de faire. Alors que cinq cas de coronavirus ont officiellement été détectés dans nos prisons, le gouvernement cherche à limiter la casse. Car si la contamination commençait à se propager, cela pourrait conduire à la catastrophe. Et si certains auront plus de mal à avoir de l’empathie envers les prisonniers, ils en auront sans doute plus pour le personnel pénitentiaire, lui aussi en première ligne.

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