Comment (et pourquoi) le RN a « retourné » un élu de la FI



À 15 jours du scrutin, c’est une défection qui attire l’attention : Andréa Kotarac, élu LFI en Rhône-Alpes, ancien membre de l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon, annonçait qu’il voterait finalement pour le RN. Un transfert prévu, en fait, de longue date, mais dont la « révélation » a été savamment orchestrée.

Peu de gens connaissaient son nom jusqu’à mardi, mais Andréa Kotarac s’est depuis retrouvé sous le feu des projecteurs… Et cela n’a rien d’un hasard. Mardi, il annonce qu’il votera pour la liste RN pour les prochaines européennes, pour « faire barrage » à Emmanuel Macron. Une annonce qui lui a immédiatement valu une exclusion du Parti de Gauche, auquel il adhérait, et des critiques très vives de ses anciens camarades de la France Insoumise. Adrien Quatennens, notamment, évoque à demi-mot une manœuvre grossière, un « pétard mouillé » en plus d’une « trahison ».

Car si cette rupture a été annoncée à ce moment précis, c’est tout sauf un hasard. D’ailleurs, elle remonte à bien plus loin : en réalité, André Kotarac l’envisageait depuis le mois de novembre. À l’époque, Jean-Luc Mélenchon écarte discrètement deux de ses cadres, François Cocq et Djordje Kuzmanovic, considérés comme des « souverainistes de gauche ». Ces héritiers de Jean-Pierre Chevènement, préoccupés par les questions d’immigration, se sont sentis de plus en plus isolés sur ces sujets au sein du mouvement de gauche. Exactement comme Andréa Kotarac au sein de son groupe au conseil régional Auvergne Rhône-Alpes.

Un déjeuner il y a « plusieurs semaines » avec Marine Le Pen

Il se tourne alors vers un ancien camarade de fac, à Lyon III, un certain Antoine Mellies, élu du Rassemblement National. C’est lui qui fait ensuite le lien avec la « patronne ». « Je l’ai rencontré récemment », reconnait Marine Le Pen sur France Inter avant d’ajouter :

« J’ai déjeuné avec lui il y a quelques semaines, et effectivement il était en pleine réflexion »

Après ce déjeuner, Andréa Kotarac participe au Forum de Yalta : c’était mi-avril. Et qui retrouve-t-il alors en Crimée ? Thierry Mariani et Marion Maréchal, avec qui il fait connaissance autour de la buvette… L’alliance est alors scellée.

Le fait qu’il l’annonce dans la dernière ligne droite avant le scrutin est parfaitement logique : l’idée, du côté du Rassemblement national, c’est de tenter de créer une dynamique, d’insister sur le « vote utile », d’essayer d’imprimer dans les esprits que Marine Le Pen, comme elle le prétend elle-même, « cheffe de l’opposition ».

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