Le président Brésilien Jair Bolsonaro est l’un des derniers dirigeants au monde à nier la dangerosité du virus. Dans son pays, il commence à se mettre tout le monde à dos, y compris dans son propre camp.
Y a-t-il un pilote dans l’avion au Brésil ? On peut se poser la question tant la gestion de la crise du coronavirus dans le plus grand pays d’Amérique du Sud interloque. Soutenu par Marine Le Pen, le controversé Jair Bolsonaro, élu dans des conditions très discutables, n’en finit pas de multiplier les provocations.
Juste « une grippette »
Depuis le début de la pandémie, le président brésilien n’a jamais reconnu la véritable dangerosité du virus. Campé sur ses positions, il n’a pas hésité à évoquer « une grippette » ou même « un coup de froid ». Plutôt que le confinement, il préfère la prière. Si d’autres dirigeants du monde ont également traversé une phase de sous-estimation, tous sont depuis revenus sur leur position, y compris Donald Trump. Mais pas Jair Bolsonaro.
Un ministre licencié pour avoir prôné la distanciation sociale
Le ministre de la santé brésilien, Luiz Henrique Mandetta, a fait les frais de l’obstination de son président. Suivant les recommandations de l’OMS celui-ci préconisait notamment le confinement et la distanciation sociale. Mais le ministre se trouvait sans arrêt contredit par le président qui ne cessait de minimiser la situation. « Les Brésiliens ne savent pas s’ils doivent écouter le ministre de la Santé ou s’ils doivent écouter le président » avait déclaré Mandetta.
« Bolsonaro assassin »
Le désaccord était total avec le président pour qui « l’interdiction des transports, la fermeture des commerces et le confinement massif n’ont pas lieu d’être.». En roue libre, Bolsonaro a également considéré que « ce sont les personnes de plus de 60 ans qui sont le groupe à risque. Alors pourquoi fermer les écoles ? » Il avait ensuite comparé son pays à l’Italie où le virus est particulièrement virulent : « Les médias répandent la panique en nous parlant tous les jours de l’Italie alors que ce pays a de nombreuses personnes âgées et un climat très différent du nôtre ».
« Certains vont mourir ? Désolé, mais c’est la vie »
Dans une ultime provocation, il avait lancé : « Certains vont mourir ? Oui, bien sûr. J’en suis désolé, mais c’est la vie. On ne peut pas arrêter une usine de voitures parce qu’il y a des morts sur la route chaque année. » Reste que dans la population, on ne l’entend pas de cette oreille. Pendant l’un de ses discours des milliers de Brésiliens ont ainsi fait résonner les casseroles aux fenêtres des grandes villes, au cri de « Bolsonaro assassin ».
Flotte déjà le spectre de la destitution
Arrivé à la moitié de son mandat, Jair Bolsonaro suscite de plus en plus de rejet à travers sa population. L’ancien président Lula, jeté injustement en prison pour ne pas pouvoir se présenter face à lui, a jugé que Bolsonaro conduisait les Brésiliens « à l’abattoir ». Il n’a d’ailleurs pas hésité à évoquer sa possible destitution. Alors que des anciens alliés de Bolsonaro parlent même d’un « Bolsonaro-virus », les critiques arrivent aussi de son propre gouvernement. Un groupe de frondeurs s’était même formé autour du ministre de la santé, à présent licencié.
L’armée a-t-elle pris les rênes ?
La gestion de la situation parait si catastrophique que certains disent que l’armée aurait pris le contrôle de l’État en sous-main. Nostalgique de la dictature militaire, Bolsonaro conduit d’ailleurs un gouvernement ou presque la moitié des ministres sont issus de l’armée. Des médias argentins suggèrent même que c’est le Général Walter Netto qui dirigerait officieusement le pays.
Les vrais chiffres cachés, possiblement 300.000 personnes infectés
Officiellement le Brésil compterait un peu plus de 1700 morts et 20.000 contaminés. Néanmoins, des chercheurs universitaires remettent en cause ce chiffre et estiment la réalité aux alentours de 300.000 cas, quinze fois plus ! Comme dans tous les pays de l’hémisphère sud, la crise du covid-19 n’a pas encore atteint son pic au Brésil. Avec l’arrivée très prochaine de l’hiver, le nombre de cas et de morts devrait exploser. On craint notamment le pire pour les zones urbaines très densément peuplées ainsi que dans les favelas. Pour le pays du football, à l’instar des Etats-Unis, les évènements pourraient bien prendre une tourne catastrophique…
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