La CIA pourra dissimuler les victimes civiles de ses frappes de drones



Depuis juillet 2016, l’agence de renseignement américaine devait fournir un bilan annuel de ses opérations de bombardement sur des « cibles terroristes ».

La CIA n’aura plus à communiquer sur les victimes civiles de ses frappes aériennes. Mercredi, le président américain a en effet révoqué un décret de l’administration Obama, qui exigeait de l’agence un rapport annuel sur le bilan humain civil des bombardements opérés par des drones sur des « cibles terroristes » hors des territoires considérés comme des zones de guerre.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, ce type d’opérations est devenu l’une des principales armes de la lutte américaine contre le terrorisme. La CIA y a joué un rôle de premier plan, en multipliant les frappes de drones pour frapper Al-Qaïda et d’autres groupes extrémistes en Afghanistan, au Pakistan et au Yémen.

« Un recul dangereux »

La décision de Donald Trump pourrait donner plus de latitude à l’agence de renseignement. Elle ne s’applique pas, en revanche, aux frappes menées par les agences dépendant du ministère de la Défense, qui continueront à publier un rapport annuel.

Les groupes de défense des droits humains se sont immédiatement élevés contre l’annonce de la Maison-Blanche, estimant qu’elle allait à l’encontre des efforts de transparence permis par le précédent décret. « L’action de l’administration Trump n’est pas nécessaire et c’est un recul dangereux pour la transparence et la responsabilité lors de l’usage de la force, et pour les victimes civiles qui en résultent », a ainsi commenté Rita Siemion, de Human Rights First.

Seconde décision en faveur de la CIA

Publié le 1er juillet 2016, le décret de Barack Obama intervenait après la multiplication des signalements de victimes civiles des frappes de drones. Donald Trump avait d’ailleurs lui-même critiqué le manque de transparence du président démocrate sur le sujet. Celui-ci avait alors consenti à imposer à la CIA des procédures plus sévères pour limiter les risques de victimes collatérales, tout en s’appuyant davantage sur les militaires pour mener ce genre d’opérations.

Mais, pour Shannon Green, du Center for Civilians in Conflict, l’agence ne s’est jamais vraiment pliée au décret. « Ce changement fait qu’il sera encore plus difficile que nous sachions si ces frappes ont lieu et l’impact qu’elles ont sur les civils », a-t-elle regretté.

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