Un salarié d’Amazon dans la Drôme a été licencié pour faute grave après avoir soutenu une action de blocage de son lieu de travail par des Gilets jaunes, selon des sources concordantes citées par l’AFP, qui confirment une information de France Bleu.
Dans son courrier de licenciement, dont l’AFP a eu copie le 31 janvier, le groupe lui reproche des propos «d’une singulière gravité» tenus le 22 novembre sur Facebook. Cet employé de la plate-forme logistique d’Amazon à Montélimar y remerciait les personnes ayant participé au blocage du site, dont il se disait «content».
«Franchement vous gérez, les gens, ne lâchez rien, un seul mot d’ordre, vendredi va être un « Black Out Friday », ne lâchez rien je me joins à vous quand je ne travaille pas… Bloquez tout», écrivait notamment le salarié sur internet.
«Votre comportement est en opposition totale aux valeurs de l’entreprise et vos propos (…) constituent un manquement grave à votre obligation de loyauté», lui reproche son employeur en s’appuyant sur l’article L1222-1 du Code du travail, relatif à la «bonne foi» du salarié.
Lors de l’entretien préalable à la sanction, le salarié a fait valoir qu’il voulait «remercier le mouvement des Gilets jaunes sans demander explicitement de bloquer [son] entreprise» et que ses propos sur le «Black Out Friday» ne visaient pas Amazon en particulier mais «toutes les entreprises de Montélimar».
Amazon assure «encourager la diversité des points de vue»
Le groupe y a vu au contraire une «envie manifeste de [le] dénigrer et de [lui] porter préjudice». Le salarié va contester cette décision devant les prud’hommes, selon la CGT, qui a appelé à la grève le 5 février.
Pour Guillaume Reynaud, représentant du syndicat à Montélimar, «pour nuire à son entreprise, il faut appeler ou participer au blocage, lui n’a fait que le soutenir après coup». «Ici, la moitié des gens veulent bloquer Amazon de toutes façons car le groupe traite mal ses employés et ne paie pas ses impôts en France.»
Interrogé le 31 janvier, le groupe a répondu que «comme dans n’importe quelle entreprise, les collaborateurs d’Amazon sont libres de participer ou d’exprimer leur soutien à un mouvement, quel qu’il soit, dans le respect des obligations qui lient tout salarié à son employeur», ajoutant qu’Amazon «encourage la diversité des points de vue».
Dans le Nord, deux salariés du groupe ont déjà été licenciés en janvier en marge du mouvement des Gilets jaunes.
Aux infos, on nous a expliqué que le mouvement des Gilets Jaunes a fortement amputé les ventes de décembre dans de nombreux magasins des zones commerciales touchées par les barrages routiers. Et que les achats des consommateurs se sont répercutés sur les commerces en ligne. Même si sa plateforme drômoise a certes probablement vécu des perturbations de livraison ou d’expédition au cours du mouvement, Amazon devrait, d’une certaine manière, dire merci aux Gilets Jaunes pour lui avoir permis, a priori, de vendre plus que prévu dans ces circonstances.