Covid-19 et eugénisme décomplexé

Bon. Faut bien que ça sorte. J’en ai un peu trop sur le cœur depuis bien trop longtemps, et j’ai hésité sur le format. Est-ce que je devais en faire une vidéo Youtube ou pas ? Finalement, non. Ma chaîne Youtube a au départ été créée pour parler biostats, et je ne veux plus faire de billets d’opinion sur cette plateforme. ça sera donc sur le blog, et en podcast. Ha, et pour partir sur de bonnes bases : ce billet représente mes opinions personnelles. Vous pouvez tout à fait être en désaccord, avec d’ailleurs des arguments valables.

Depuis peu, je suis un peu effaré par les différents comportements observés pendant cette pandémie. Oui c’est long. Oui c’est chiant. Oui c’est difficile. Et encore, moi j’ai la chance d’avoir un job qui va bien avec un salaire qui tombe régulièrement. Mais quand même, j’observe dans la population un eugénisme décomplexé alimenté par une sphère complotiste contre laquelle aucune action publique n’est entreprise. Et cet eugénisme, je l’ai vu surgir dans mon entourage proche de la part de 2 personnes qu’on ne peut pas du tout qualifier d’individualistes. Au contraire, ce sont des gens avec un sens aigu de la vie en collectivité.

Ce décalage, cette dérive, est le fait de plusieurs paramètres. Deux surtout :

  1. une mauvaise estimation du risque réel
  2. une gestion de crise catastrophique

Cet eugénisme, ce “tant pis pour eux, c’est des vieux”, est tout ce que je redoute en temps de crise, où la société ne peut s’en sortir qu’en faisant corps.

Une mauvaise estimation du risque réel

Prenons un personnage fictif, qu’on va appeler Yann. En Mars 2020, Yann cède un peu à la panique : révolte contre les masques non disponibles, désinfection des courses en rentrant du supermarché. Un peur panique de contracter le virus. En Mars 2021, Yann se dit que quand même, on en fait beaucoup pour un truc qui tue des gens déjà presque morts et qu’on serait quand même bien mieux avec tous les trucs qui rouvrent. En 2021 il en vient à dénoncer ces “marchands de peur” qui veulent nous contraindre.

Entre Mars 2020 et Mars 2021, le risque associé au Covid n’a pas changé. Ce qui a changé, c’est la perception de ce risque par Yann : surévalué en 2020, sous-évalué en 2021. Ce risque, quel est-il vraiment ?

Risques associés au Covid

Alors reposons le contexte. Le Covid, c’est une maladie pas trop grave en soi, mais hyper contagieuse. Hyper contagieuse parce qu’ une personne est contagieuse jusqu’à 2 jours avant de montrer les premiers symptômes. Donc concrètement, si vous commencez à tousser le lundi et que vous êtes allé au bar ou en boîte le Samedi soir, vous avez contaminé des gens. Et ça encore c’est dans le cas des gens qui ont des symptômes, qui vont être un peu patraques et rester à la maison. Mais une bonne proportion des gens contaminés sont asymptomatiques et ne vont rien changer à leurs vies, mais tout en étant aussi contagieux.

Le problème de cette contagiosité, c’est qu’elle induit une croissance exponentielle des contaminations si elle n’est pas maîtrisée. C’est mathématique, c’est comme ça. C’est la base de la base de l’épidémiologie.

Quand on ne fait rien, chaque personne contaminée va en contaminer environ 3. Avec un temps de génération d’environ 7 jours (en gros). Donc si vous êtes contaminé le Lundi, le Lundi suivant vous aurez contaminé en gros 3 personnes, ce qui engendrera 9 contaminations la semaine d’après, 27 la semaine suivante, etc. En 3 mois, c’est plus de 500 000 contaminations. En 4 mois 43 millions. C’est le côté piégeux de l’exponentielle, ça augmente super vite. Donc très vite, si on ne fait rien, l’ensemble de la population est contaminé. Et ce n’est pas de l’alarmisme du tout, c’est juste un constat. Il ne s’agit pas de paniquer mais de comprendre ce mécanisme.

Donc sans gestion de l’épidémie, presque tout le monde sera contaminé. A partir de là il y a 2 scénarios possibles :

  1. le système de soin tient le coup, et on peut être soigné
  2. le système de soin est saturé, et on ne peut plus prendre en charge les cas graves.

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