L’Assemblée nationale valide le retour des néonicotinoïdes soupçonnés d’être responsables de la disparition des abeilles

Au terme d’un débat houleux, les députés ont donné ce mardi leur feu vert à la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes, afin de sauver la filière de la betterave.

À la suite d’un débat animé, l’Assemblée nationale a validé avec 313 voix pour, 158 contre et 56 abstentions, la proposition de loi concernant les néonicotinoïdes. Validé le 6 octobre, le texte a également créé une division au sein de la majorité, seulement 175 membres du parti de Macron sur 271 ont voté en sa faveur.

Les néonicotinoïdes réintroduits, après leur interdiction en 2018

Par la réintroduction des néonicotinoïdes, le gouvernement souhaite sauver la filière sucrière de la betterave affaiblie par la « jaunisse », maladie propagée dans les cultures par des pucerons verts. Or, ces pesticides ont été interdits en 2018, accusés par de nombreuses études scientifiques de tuer les abeilles. Le texte récemment adopté à l’Assemblée nationale, propose une dérogation autorisant leur utilisation jusqu’en 2023, comme le permet le règlement européen sur les phytosanitaires. Au lieu d’être pulvérisé sur les cultures, les semences seront enrobées par ces produits controversés. Le texte prévoit également la création d’un conseil de surveillance et entérine l’interdiction de planter des cultures attirant les abeilles sur les parcelles traitées, afin de limiter leur exposition aux produits.

Une dérogation pour assurer la « souveraineté » de la filière ?

La Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) « salue l’initiative du gouvernement qui s’engage avec courage et ambition pour pérenniser la filière betterave-sucre gravement menacée ». Jean-Baptiste Moreau, député LReM, estime que le projet de loi est une « réponse pragmatique à la situation catastrophique dans laquelle se trouve la filière de la betterave française », confrontée à une « impasse technique monumentale ».

Selon le ministre de l’agriculture Julien Denormandie, c’est la seule alternative possible afin de conserver les emplois, et d’assurer la « souveraineté » agroalimentaire de la filière.

Des années de combats balayés

Parmi les opposants au texte, la député Écologie démocratie solidarité Delphine Batho, estime que ce vote « tourne le dos à des années de travail, à des années de combat avec les apiculteurs […] qui se sont mobilisés pour interdire les néonicotinoïdes ».

Le syndicat Confédération paysanne a tenté d’interpeler les députés sur Twitter en listant dix bonnes raisons de s’opposer à la loi.

Pour le secrétaire national de ce syndicat, Damien Houdebine, le risque est que la betterave devienne « le cheval de Troie » des néonicotinoïdes par enrobage. Il craint en effet le retour de ces pesticides pour d’autres filières agricoles. Même si le ministère de l’Agriculture assure que la dérogation introduite par le projet de loi concerne que la betterave sucrière, rien ne dit dans le texte qu’il ne pourra pas être employé à l’avenir, pour d’autres types de cultures.

COMPRENDRE LES ENJEUX EN 3 MINUTES : 

https://youtu.be/Cb4EyEQrvtA

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