Migrants : six personnes et trois entreprises inculpées pour « traite d’êtres humains » à Reims

Aujourd’hui à Reims, se déroule un procès hors norme.  Six personnes et trois entreprises vont être jugées pour « traite d’êtres humains». Explications :

Les trois jours de procès débuteront aujourd’hui au tribunal correctionnel de Reims contre les sociétés Serviti, Viti-Chenille et Rajviti ainsi que leurs dirigeants. En effet, les accusés sont soupçonnés d’avoir fourni à des viticulteurs champenois de la main-d’œuvre agricole, des migrants pour la majorité d’entre eux, et de les avoir employés dans des conditions indignes.

Débusqués lors un contrôle

Les prévenus, intervenant dans la Marne et l’Aube sont poursuivis pour « travail dissimulé aggravé et recours au service d’une personne exerçant un travail dissimulé aggravé », « emploi d’étrangers sans titre », « conditions d’hébergement indigne » et « traite d’êtres humains ». L’affaire a débuté il y a presque deux ans, en août 2018, lorsque des enquêteurs du Comité opérationnel départemental anti-fraude de la Marne, découvrent chez un prestataire viticole, de nombreux travailleurs clandestins.

Des sans-papiers entassés dans des logements insalubres

L’Office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI) et les gendarmes de la SR de Reims et des groupements de la Marne et de l’Aube ont mené l’enquête. D’après leur récit, les ouvriers viticoles subissaient des cadences quotidiennes éprouvantes et percevaient une rémunération « insignifiante », pour ceux qui en voyaient la couleur. Un scénario « bien rodé », selon Sylvie Ody, la présidente du Comité de l’esclavage moderne, qui se porte partie civile.

D’après Mme Ody, qui accompagne trois victimes afghanes d’une trentaine d’années, la main-d’œuvre « était recrutée dans des camps de migrants ou dans des Centre d’accueil pour demandeurs d’asile. Les ouvriers partaient en camionnettes de Paris, d’Amiens ou de Chartres vers la Champagne où ils étaient hébergés dans des conditions inacceptables ». Elle ajoute qu’ils « étaient entassés à quinze ou vingt par pièce dans un hébergement insalubre, sans accès à l’hygiène, mal nourris, travaillant plus de douze heures par jour pour une rémunération insignifiante voire inexistante pour certains d’entre eux ».

188 victimes, pour ce cas seulement

Suite aux investigations menées par l’inspection du travail et de la Mutualité sociale agricole, 338.000 euros d’avoirs criminelles ont été saisis. Les 188 victimes, sont d’origine afghane et africaine, sans-papiers pour la plupart d’entre eux, selon Mme Ody. Les faits visés portent sur les années 2017 et 2018, pourtant, c’est un phénomène loin d’être isolé dans le vignoble champenois. En 2014, des travailleurs polonais ont été découverts dans une autre exploitation viticole par la gendarmerie locale.

L’esclavagisme « moderne »

Si les dirigeants risquent jusqu’à dix ans d’emprisonnement, aucune maison de champagne n’a été mise en cause pénalement. C’est un sujet que l’on pourrait penser appartenir au passé, mais la traite des êtres humains semblent toujours être d’actualité. L’immigration massive est en effet un terreau favorable à ces pratiques indignes : venus de pays pauvres et souvent endettés par leur passage de la Méditerranée, ces migrants se trouvent dans une situation ultra-précaire et sont souvent prêts à tout pour travailler, quitte à accepter des jobs sous-payés. Et tout cela a en plus un effet désastreux sur le marché de l’emploi, avec une pression à la baisse sur les salaires et les acquis sociaux du pays hôte.

Machiavélique.

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