Selon Sibeth Ndiaye, porte parole du gouvernement Macron, le départ à la retraite est un moment d’angoisse qui peut provoquer des maladies et notamment des crises cardiaques. Dans le même temps, la Macronie peine à justifier le rejet de la réforme dans les sondages.
Décidemment, le gouvernement d’Emmanuel Macron pourra se targuer d’avoir déniché une véritable pépite en tant que porte-parole… Invitée dans l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV, Sibeth Ndiaye a tenu des propos pour le moins polémiques.
« La retraite est un moment d’angoisse. On sait qu’il y a beaucoup de crises cardiaques, de maladies qui surviennent, notamment chez les hommes quand on arrête l’activité, parce qu’en quelque sorte, il y a petit vide qui se créé. »
Celle qui assumait de « mentir pour protéger le président » a dû faire bondir plus d’un Français de sa chaise. On peut notamment penser aux familles des 1200 personnes que le travail tue chaque année dans notre pays. Ce sont même 56000 maladies professionnelles qui ont été reconnues en 2012. L’angoisse serait même plutôt du côté des travailleurs que des retraités : selon un sondage, 52% des interrogés se déclarent anxieux au travail et 24% seraient même en hyper stress.
Pas de quoi faire sourciller Sibeth Ndiaye qui ne recule devant rien pour continuer de défendre cette réforme. On se souvient qu’elle expliquait déjà en novembre dernier que ce projet était une réponse à la crise des Gilets Jaunes et « aux injustices importantes qui existent dans notre pays. »
Pire encore, selon l’ancienne membre du PS, si 61% des Français demandent le retrait de cette réforme, cela traduit « une forme d’exaspération » envers « beaucoup de manifestations et parfois de la violence assez radicale. » Pour elle, « les Français ont envie de passer à autre chose. » et s’ils ne veulent pas de ce projet, c’est parce qu’il y a « une difficulté de compréhension. » Avec une bonne dose de condescendance, elle a même conclut que « le pays était prêt à être réformé, pour peu qu’on explique les choses. » Evidemment, si les Français sont contre, c’est qu’ils n’ont pas compris…
Ces arguments pour le moins surprenants font échos à ceux de certains médias qui ne parviennent plus à comprendre l’opinion publique. On a ainsi pu entendre sur BFMTV, le chroniqueur Christophe Barbier expliquer que les « gens en ont marre que ça dure » et qu’ils veulent que « le gouvernement en termine avec cette réforme » pour que « la vie reprenne. »
« Les Français sont profondément convaincus qu’il faut passer à la retraite à points. » selon Christophe Barbier
Maître absolu dans l’art du sophisme, il s’est ensuite extasié sur les 43% de Français qui soutiendraient la réforme. Pour l’éditorialiste, « c’est énorme ! Macron dans les sondages il est à 25-30 ! Ça veut dire que les Français sont profondément convaincus qu’il faut passer à la retraite par points, qu’il faut en finir avec les régimes spéciaux. Ces Français là, ils en ont marre que le contribuable, celui qui travaille, paye le statut de ceux qui en bénéficient de ces fameux régimes spéciaux. » On croit rêver.
Non seulement, on essaie de nous expliquer que 43% de sondés représenteraient une majorité de Français, mais on utilise encore le vieil argument des régimes spéciaux, qui commence à vraiment être éculé. Christophe Barbier essaie une nouvelle fois de faire passer ceux qui en bénéficient (qui ne représentent, somme toute, que 4.2% des pensions) pour des privilégiés et sous-entend même qu’ils ne travailleraient pas. Il oublie sans doute que ces régimes spéciaux ne sont pas des privilèges mais le résultat de luttes sociales et de cotisations qui s’inscrivent dans une logique globale. Lui qui fournit un travail journalistique d’une qualité hors norme pourrait donc aller expliquer, par exemple, aux égoutiers, qui disposent de 17 ans de vie en moins que la moyenne, pourquoi ils sont privilégiés et pourquoi ils doivent travailler huit ans de plus…
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