Le domaine de Grignon où la France forme ses agronomes depuis le XIXe siècle pourrait bien passer dans l’escarcelle d’un promoteur qui veut y installer des centaines de logements. Scientifiques, étudiants d’AgroParisTech et élus locaux se mobilisent et entendent proposer un contre-projet mais semblent inaudibles face à l’implacable impératif financier.
Un château du XVIIe siècle, 260 hectares de forêts et de pâtures, une ferme expérimentale de renom et des étudiants agronomes depuis 1828 et l’ouverture de l’Institution royale agronomique, devenu depuis, en 2007, AgroParisTech. C’est toute cette richesse, écologique, historique et scientifique que l’État a décidé de céder à un promoteur immobilier à Thiverval-Grignon, une petite commune des Yvelines.
Mercredi 11 août, on apprenait que l’État avait décidé de vendre le vaste domaine de Grignon au groupe Altarea malgré les vives protestations des élus locaux, des chercheurs et étudiants liés au domaine, ainsi que des écologistes.
Près de 200 ans après sa naissance, l’histoire agronomique du domaine de Grignon dure encore, puisqu’AgroParisTech et ses ingénieurs agronomes d’excellence y sont toujours installés, mais en sursis avant leur déménagement vers le plateau de Saclay, qui regroupe plusieurs écoles d’ingénieurs. Face à la perspective de la privatisation du domaine, des étudiants et chercheurs réunis dans l’association Patrimoine AgroParisTech-Grignon 2000 se mobilisent pour promouvoir un contre-projet de création d’un « centre international dédié à l’agriculture, l’alimentation et l’environnement ».
Aucune consultation des étudiants
Dans ce projet alternatif, on trouve des laboratoires et des accélérateurs de start-up autour des questions liées à l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, et une ouverture au public du domaine de 300 hectares. Loin d’une utopie, la proposition intègre des infrastructures rentables pour assurer l’équilibre financier du lieu. La communauté de communes Cœur d’Yvelines, et en premier lieu la maire de Thiverval-Grignon, Nadine Gohard, a même décidé de soutenir ce projet.