ARTICLE. Bien qu’historiquement stable, le prix du bois explose et connaît une augmentation particulièrement sensible depuis février. Les États-Unis en sont la cause, ils importent massivement notre bois, à des prix parfois 3 fois supérieurs au marché, et privent nos artisans de la matière première nécessaire à leur activité.
La France fait face à une pénurie de matière première. Entre septembre 2020 et avril 2021, le prix de l’acier a augmenté de 30 %. Le zinc et le cuivre connaissent également une forte augmentation, avec respectivement +22 % et +28 %. Et même s’il arrivait à contenir l’inflation jusqu’au début février, autour de +16 %, le secteur du bois connaît désormais une flambée des prix, atteignant +80 % pour certains produits. Les professionnels du bâtiment en appellent désormais au ministre de l’Économie. Mais la réponse de Bruno Le Maire tarde.
Bien évidemment, la crise liée à l’arrêt du Covid a déstabilisé mondialement la filière du bois. La reprise brutale économique initiée en Chine ou aux États-Unis en 2021 a accentué massivement la demande de matériel. Les Allemands et les Autrichiens se sont massivement tournés vers ces marchés très demandeurs. En France, les professionnels du bâtiment se trouvent confrontés à une concurrence imbattable venue outre-Atlantique. Le Monde relate le cas d’un constructeur de Charente-Maritime, qui achetait son bois 200 à 300 euros le mètre cube, et qui s’est vu mis en concurrence avec un acheteur américain. Ce dernier était prêt à payer 700 euros le mètre cube.
La France, plutôt que le Canada
Les États-Unis ont souffert d’une vague d’ouragans et d’incendies en 2020, qui a généré ainsi une demande exceptionnelle en bois. Il y a trois ans, l’ex-président des États-Unis Donald Trump a décidé de surtaxer les importations du Canada. Les constructeurs américains se sont alors tournés vers les Européens et leur dogme libre-échangiste. Les scieries françaises peuvent d’ailleurs se frotter les mains, tant cet acteur économique est généreux. Le site internet Batirama explique que les scieurs préfèrent annoncer à leurs clients une pénurie en bois, plutôt que d’avouer l’avoir vendu ailleurs. D’autant que les Américains paient en avance les conteneurs.