Nous constatons actuellement que Biden et ses responsables de la politique étrangère permettent en fait à Israël de dicter les conditions dans lesquelles le président peut tenir sa promesse de campagne sur l’Iran.
Un retour à la diplomatie : faisons la lumière sur cette pensée. De toutes les promesses que le président Joe Biden va trahir au cours des quatre prochaines années, cette dernière s’avérera la plus fallacieuse et, sur un plan plus général, la plus lourde de conséquences.
Depuis la semaine dernière, c’est la crise sur l’accord relatif aux programmes nucléaires iraniens qui démontre la véracité de ce constat. Dimanche dernier, Téhéran a annoncé à l’administration Biden qu’elle avait deux semaines pour relancer sérieusement les négociations diplomatiques. Passé ce délai, le créneau d’opportunité se refermera. Comme je l’ai déjà exprimé clairement ici, je ne vois aucune preuve que les responsables de la sécurité nationale de Biden feront preuve de sérieux ou de sagesse lorsqu’ils aborderont cette question cruciale.
En vérité, la diplomatie américaine n’a jamais été très développée. Le regretté et estimable Boutros Boutros-Ghali l’a expliqué de façon mémorable dans Mes années à la maison de verre [Unvanquished, NdT, mémoire publié en 1999 après son éviction du poste de secrétaire général de l’ONU par les Etats-Unis pour ne pas s’être montré assez servile. « Seuls les faibles comptent sur la diplomatie », a écrit le célèbre Égyptien. « Les États-Unis n’en voient pas le besoin, car la puissance suffit. »
Quoi de plus juste. « L’empire romain n’avait pas besoin de diplomatie », a expliqué le très cultivé Boutros-Ghali. « Les États-Unis non plus : la diplomatie est perçue par une puissance impériale comme une perte de temps et de prestige et une marque de faiblesse. »
C’est avec cette tradition que renouera l’administration Biden. Appelons cela la diplomatie sans diplomatie.
On parle beaucoup aujourd’hui de la démilitarisation de la politique étrangère américaine, et il est bon qu’il soit enfin permis d’aborder le sujet dans une conversation polie. « Nous avons vu à maintes reprises comment un recours excessif aux outils militaires peut nous conduire dans les sables mouvants de la politique », a déclaré William Burns, diplomate de carrière et maintenant directeur de la CIA, dans une interview accordée au printemps dernier au Foreign Service Journal. « Nous sommes tombés à maintes reprises dans le piège de l’utilisation excessive – ou prématurée – de la force. Cela a tendance à faire de la diplomatie une réflexion après coup biaisée et insuffisamment financée. »
De bonnes paroles, sûrement. Mais j’invite ceux qui supposent que les remarques de Burns ont un rapport avec l’orientation de la nouvelle administration à tempérer leurs attentes. Dire de telles choses, c’est de la politique car l’administration Biden n’entend pas mener sa politique étrangère de cette façon.
L’Iran, un premier indicateur
La question de l’Iran était vouée à être le premier indicateur des principes de politique étrangère du président Biden (si je puis dire). Téhéran semble maintenant déterminé, à juste titre, à forcer la question. Je dis bravo. Plus vite nous verrons clair dans le fonctionnement de cette administration, mieux ce sera.