En 2020, la pandémie a renforcé la répression de certains gouvernements contre les journalistes. Le nombre d’arrestations et d’interpellations arbitraires ont été multiplié par 4 entre les mois de mars et mai 2020, au début de la propagation du coronavirus sur la planète.
Comme chaque année, Reporters sans Frontières publie son bilan annuel des exactions commises contre les journalistes. En 2020, 50 journalistes ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions, 387 journalistes sont prisonniers, 54 sont retenus en otage et 4 sont portés disparus. Fait notable, il y a eu pour la première fois davantage d’homicides dans les pays en paix que dans les zones de conflits. Si la France n’a heureusement aucun mort à déplorer, la recrudescence des interpellations de journalistes dans le cadre de leur profession fait du combat pour préserver la liberté de la presse l’un des grands enjeux de 2021.
Une recrudescence des assassinats dans les pays en paix
Si le nombre de journalistes tués dans l’exercice de leurs fonctions diminue depuis une dizaine d’années, cette année 2020 a vu une tendance inquiétante se confirmer : plus des deux tiers des journalistes ont été tués dans des pays en paix.
« C’est tout à fait nouveau. » constate Pauline Adés-Mèvel, porte-parole et rédactrice en cheffe de RSF, pour FranceInter. « On avait vu cette tendance se dessiner l’an dernier, mais là c’est évident. 68% ! »
34 homicides de journalistes, représentant 68 % du nombre total, ont eu lieu dans des pays considérés comme étant « en paix ». En 2020, près de 7 journalistes tués sur 10 (68 %) l’ont été dans des zones de paix, alors qu’en 2016, seulement 4 journalistes sur 10 étaient tués hors des terrains en conflit.
Cette nouvelle tendance se révèle notamment par le nombre de journalistes sciemment visés et délibérément assassinés en raison de leur métier. En 2020, 84 % des journalistes tués ont été assassinés, contre 63 % en 2019. Le Mexique reste le pays le plus meurtrier au monde pour la profession avec huit morts, viennent ensuite l’Inde (4), le Pakistan (4), les Philippines (3) et le Honduras (3).
« Les assassinats visent notamment les journalistes qui travaillent sur des sujets sensibles. Cette année, 4 journalistes ont été tués alors qu’ils enquêtaient sur les agissements de la mafia. Par ailleurs, 10 journalistes ont été victimes d’homicide pour leurs investigations sur des cas de corruption locale ou de détournement d’argent public, 3 ont été tués alors qu’ils travaillaient sur des sujets liés à des questions environnementales (cas d’extraction minière illégale et d’accaparement des terres). » explique l’ONG dans son rapport
Certains meurtres ont été particulièrement barbares, parfois en guise d’avertissement aux autres membres de la profession. Le journaliste Julio Valdivia Rodriguez, du quotidien El Mundo de Veracruz, a ainsi été retrouvé décapité dans l’est du Mexique tandis que son confrère Víctor Fernando Alvarez Chavez, rédacteur en chef d’un site d’information locale, a été littéralement découpé en morceaux dans la ville d’Acapulco.